Le succès mondial des sandales tropéziennes

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Le succès mondial des sandales tropéziennes

Fondée en 1935 par un réfugié arménien, la maison K.Jacques est devenue une PME prospère qui vend ses célèbres spartiates dans le monde entier.

Situés avenue Blua à Saint-Tropez, les ateliers de la marque choisie par Angelina Jolie sont à l’image de la famille : authentiques. Bernard Keklikian est là, à côté de ses machines. Il raconte son histoire : « Mes parents ont quitté la Turquie à l’âge de 10-12 ans. » Nous sommes en 1922, la famille a survécu au génocide arménien de 1915. Ils débarquent en France, à Marseille. Agop et Elise se rencontreront plus tard. « Mon père est arrivé à Saint-Tropez en 1933 et s’est mis à son compte. Il a commencé à fabriquer des sandales. Il a créé son entreprise à ce moment-là. » En 1935, il peaufine sa marque K.Jacques, avec l’initiale de son nom et les lettres de son prénom. Les débuts sont prometteurs. Mais il faudra patienter et travailler beaucoup avant d’atteindre le succès international.

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Dans l’atelier, Bernard connaît les postes de travail par cœur. « Il y en a une quarantaine, explique-t-il en saisissant une peau tannée. Vous voyez, ici c’est la tête et là le dos. Le cuir est plus ferme de ce côté-là. » Tout un art, ce métier de sandalier. « Nous ne sélectionnons que les produits de grande qualité », insiste-t-il en étalant d’autres peaux sur la table de travail qui sert à détourer le gabarit de la future sandale. Le maître artisan montre des semelles brutes : « Les différentes couches sont collées, puis cloutées. Elles permettent au pied d’être comme dans un cocon. »

Il a fallu cinquante ans, raconte Bernard, pour que nos sandales se vendent à l’export.

Qui aurait pensé que les sandales K.Jacques allaient faire le tour de la planète ? « Il a fallu cinquante ans, raconte Bernard, pour que nos sandales se vendent à l’export. Mon père a commencé à voir ce succès à la fin de sa vie. Nous sommes passés de 10 paires par jour, à la fin des années 1940, à 200 aujourd’hui. » Dans son bureau, une photo attire le regard : c’est celle de Michelle Obama, l’épouse de l’ancien président des États-Unis Barack Obama. « Un jour, j’ai reçu un coup de téléphone inédit : “Je travaille avec Michelle Obama. Elle veut porter l’une de vos paires.” » C’était fin 2008, juste après l’élection de son mari. Soixante-douze heures plus tard, elle recevait ses chaussures. Ainsi la sandale tropézienne est-elle devenue un produit de luxe, qui se vend à 200 euros la paire. Pourtant, Bernard Keklikian s’en défend : « Nous n’appartenons pas au luxe. Nous faisons partie du patrimoine. Notre métier est un art. Nos sandales peuvent durer plus de dix ans. » Elles sont très convoitées. Même Picasso a fait le pas pour en acquérir. « Il les a dessinées lui-même », se souvient Bernard. Aujourd’hui, l’entreprise réalise un chiffre d’affaires, hors Covid-19, de 5,7 millions d’euros. La pandémie lui en a fait perdre 20 %. Grâce aux 49 salariés, 48 000 paires sortent chaque année de ses ateliers. Il en exporte 60 %.

Avec Maria, son épouse, leurs trois enfants, Stéphanie, Delphine et Matthieu, et leurs neveux, Éric et Véronique, l’avenir de la petite entreprise familiale est assuré. Avant de quitter ses ateliers qui ont reçu le label Entreprise du patrimoine vivant en 2011, Bernard devient espiègle : « J’ai toutes les tailles de pieds de mes clients. J’ai celles de Brigitte Bardot et de Michelle Obama, mais je ne peux rien dévoiler. »

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