Futur nouveau variant, gestes barrières… Les avertissements du professeur Delfraissy

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Futur nouveau variant, gestes barrières… Les avertissements du professeur Delfraissy

Au Sénat jeudi puis sur BFMTV vendredi, le président du conseil scientifique a lancé plusieurs avertissements, évoquant une possible sortie de crise… en 2023.

Jean-François Delfraissy en vient désormais à s’excuser face à ses interlocuteurs. Le président du conseil scientifique -qui accompagne l’exécutif dans la crise sanitaire- a ainsi déclaré aux sénateurs qui l’entendaient jeudi : «Je sais que je suis porteur à chaque fois plutôt de mauvaises nouvelles… Je suis désolé.» Sur BFMTV, vendredi matin, il a nouveau déploré de se trouver dans la posture du prophète de malheur. Le professeur était moins présent dans les médias depuis que Emmanuel Macron, au début de l’année, avait décidé de ne pas suivre les recommandations du conseil scientifique. Son retour sur les ondes et devant les parlementaires coïncide avec une reprise épidémique particulièrement inquiétante en France : jeudi, 21 909 nouveaux cas d’infection par le SARS-CoV-2 ont été détectés, contre un peu plus de 13 000 sept jours plus tôt.

De fait, les nouvelles apportées par le professeur Delfraissy ne sont pas bonnes. «Je pense qu’on arrivera aux 50 000 [cas quotidiens] probablement début août», a-t-il estimé sur BFMTV. Un niveau proche des pires moments de la pandémie, comme lors de la deuxième vague de l’automne dernier, qui se juxtaposera à une situation «compliquée» dans les hôpitaux, où les soignants sont épuisés par 18 mois de lutte contre le coronavirus. Jean-François Delfraissy estime que la France a six semaines de retard sur le Royaume-Uni, où les hospitalisations ont commencé à repartir à la hausse. Avec une différence en défaveur de notre pays : «En France, notre niveau de vaccination est plus faible que celui qui existe en Angleterre, en particulier les plus de 60 ans et un certain nombre de personnes à risque, et en particulier les sujets les plus obèses.»

A l’origine de cette reprise de l’épidémie, le variant Delta «a changé la donne», justifiant aux yeux du conseil scientifique et de son président de nouvelles restrictions, dont celles qui viennent d’être adoptées en première lecture par l’Assemblée nationale. «Je crois que les gens n’ont pas compris ce que ça voulait dire, un niveau de transmission de 60% plus élevé. Je suis frappé par le fait que les médecins eux-mêmes ne comprennent pas ce que ça veut dire. Avec ce niveau de transmission, les discussions que nous avons pu avoir ou les propositions que nous avons faites avant l’arrivée de ce variant, s’avèrent un peu obsolètes [ce qui amène] donc à proposer d’autres types de solution», a-t-il déclaré au Sénat, pour défendre la mise en place d’un passe sanitaire et de l’obligation vaccinale pour les soignants.

Sur ce dernier point, Jean-François Delfraissy assure qu’il n’a «pas d’état d’âme» et admet qu’il a changé d’avis. «On a laissé six mois… Moi j’ai changé d’avis parce qu’à un moment donné, je suis fondamentalement médecin, et quand on choisit ce métier autour de la santé, on le doit aux autres, on fait ce métier pour les autres, on ne le fait pas pour soi. (…) Maintenant, on sait qu’il y a un certain nombre de clusters qui sont arrivés à partir des soignants, que les soignants sont aussi des citoyens qui peuvent s’infecter ailleurs. Passer à une obligation vaccinale m’apparaît du domaine du raisonnable», a-t-il déclaré. Il écarte en revanche la vaccination obligatoire pour l’ensemble de la population.

Face à la gravité de la situation, il est urgent d’accélérer la vaccination, plaide le président du conseil scientifique, parfaitement à l’unisson du gouvernement. «Si vous avez plus de 60 ans, si vous avez du surpoids, c’est le moment de le faire», a-t-il insisté sur BFMTV. Jean-François Delfraissy est en revanche beaucoup plus réservé sur l’abandon des gestes barrières, prévu dans certains cas comme une sorte de contrepartie à la généralisation du passe sanitaire. Il a longuement insisté sur le port du masque. «Moi je suis vacciné depuis très longtemps, je continue à porter le masque quand je suis dehors à Paris. Si je suis en pleine campagne, je ne vais pas le porter», a-t-il lancé sur BFMTV. «Si vous êtes vacciné et que vous êtes dans une atmosphère de foule, oui, portez le masque», a-t-il dit, évoquant notamment les zones urbaines et les littoraux très fréquentés. Il a également souligné l’utilité du lavage des mains. Alors que les boîtes de nuit viennent de rouvrir, il a sans ambages répondu «oui» au journaliste qui lui demandait s’il était dangereux de s’y rendre. «Une série de grands clusters sont partis de discothèques. Je sais qu’en disant ça je vais créer des réactions, mais c’est une réalité médicale», a-t-il ajouté, avant de glisser finalement que «avec le passe sanitaire, on peut aller en discothèque».

«On peut parfaitement, et j’en ai un exemple récent, familial, avoir eu ses deux vaccins depuis trois mois et être contaminé avec le variant Delta. Mais il n’y a pas d’impact pour la personne : elle fait un peu de température éventuellement, voire même elle reste asymptomatique», a rappelé Jean-François Delfraissy au Sénat.

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