De retour en Iran après une escapade en Espagne, Asghar Farhadi retrouve la forme de ses meilleurs films. Une Palme d’or est possible.
Le synopsis
Rahim est en prison à cause d’une dette qu’il n’a pas pu rembourser. Lors d’une permission de deux jours, il tente de convaincre son créancier de retirer sa plainte contre le versement d’une partie de la somme. Mais les choses ne se passent pas comme prévu…
La critique
Dans ce grand concours international du meilleur film, «Un Héros» d’Asghar Farhadi coche toutes les cases pour la Palme d’or. Voilà un film social sans misère raconté comme un thriller sans meurtre ni coup de feu, brillamment écrit, mis en scène et interprété – Asghar Farhadi est un immense directeur d’acteur et Amir Jadidi peut envisager un prix d’interprétation. C’est un film profondément ancré dans la société iranienne où la notion de réputation est au centre du système judiciaire mais aussi à portée universelle quand il explore les nouveaux territoires des réseaux sociaux où l’on traque mensonges et trahisons, fake news et contre-vérités. Le réalisateur d’«Une Séparation» est passé maître dans la mécanique du récit à tiroir et il en abuse un peu ici, même si l’aspect kafkaïen de l’intrigue le pousse toujours à plus d’absurdité. Mais c’est d’une telle efficacité narrative que l’on ne peut que s’incliner dans la puissance de la démonstration. Ici, il n’y a ni «héros», ni méchant manipulateur, juste un homme qui essaie d’honorer sa dette pour sortir de prison et vivre enfin avec la femme qu’il aime. Le dernier plan risque de nous hanter longtemps.