« Nous essayons encore de surmonter cela parce que ç’a été vraiment difficile à accepter », confesse dans un soupir Gudmundur Benediktsson. Sensation du dernier Euro en France en 2016 et après un Mondial 2018 plus discret, l’Islande a échoué à se qualifier à un troisième tournoi majeur d’affilée il y a sept mois. Les footballeurs islandais ont pourtant eu leur billet en main pendant 88 minutes en menant au score avant de craquer et d’encaisser deux buts en toute fin de partie face à la Hongrie (1-2) en finale des barrages de la voie A.
« Quand on regarde le groupe maintenant : France, Allemagne, Portugal, et puis que l’on voit la Hongrie, alors on se souvient que nous aurions dû être là. Donc, bien sûr, ça fait toujours un peu mal », avoue « le commentateur fou » islandais. Il y a cinq ans, Gummi Ben, comme il est surnommé sur son île, s’extasiait à en perdre la voix à grands coups de jáááááá (« oui », en islandais) entre deux respirations après un but vainqueur d’Arnor Ingvi Traustason face à l’Autriche (2-1) ou intimait à l’arbitre avec véhémence de siffler la fin du match en disant à l’Angleterre qu’elle peut « quitter l’Europe » après une qualification islandaise historique en quarts de finale.
Il commentera… les autres matchs
Ses envolées lyriques ont accompagné chaque exploit de la plus petite nation à avoir jamais participé à un tournoi international. « Les émotions étaient fortes, je dois dire. C’était notre toute première participation, un moment vraiment spécial pour le sport islandais et l’histoire du sport en général, pas seulement le football d’ailleurs », raconte un brin nostalgique l’ancien attaquant international.
Quand ton équipe joue, ça rend les choses encore plus extraordinaires.
Si Gudmundur Benediktsson devrait malgré tout être du voyage pour cet Euro 2020 et commenter quelques rencontres, sans l’Islande l’enthousiasme sera moindre. « Le football est tellement imprévisible que l’on ne peut pas se préparer ou décider quoi dire ou ne pas dire. Alors, bien sûr, je peux m’emballer si quelque chose arrive, on ne sait jamais… Mais je dois dire pas autant que si l’Islande jouait… » reconnaît celui qui commente habituellement le football pour une chaîne privée locale, notamment les matchs de Premier League en Angleterre ou la Pepsi Max deild, le faible championnat islandais. « Quand ton équipe joue, ça rend les choses encore plus extraordinaires. »
D’autant que le quadragénaire a joué avec certains cadres de la sélection, en a coaché certains lors de sa courte carrière d’entraîneur et que son fils, le prometteur Albert Gudmundsson, fait désormais partie de l’équipe et incarne le nouveau souffle que cherche à insuffler la fédération pour le football islandais. « Cela va certainement prendre du temps pour reconstruire une équipe compétitive, mais je pense que nous sommes plus proches que certains ne le pensent », affirme Gummi Ben qui donne rendez-vous dès le prochain Euro.