Super League européenne : Florentino Pérez, la « Real » puissance

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« Nous allons aider le football à tous les niveaux pour l’amener à occuper la place qu’il mérite. Le football est le seul sport global et le seul à compter quatre milliards de fans et notre responsabilité, en tant que grands clubs, est de satisfaire les attentes des supporteurs. » Cette déclaration de président du Real Madrid, propulsé aussi à la tête de l’ultra polémique « SuperLiga », qui doit concurrencer la Ligue des champions, est typique de ce septuagénaire à l’allure placide mais à l’ambition intacte : dire les choses de telle sorte qu’elles paraissent évidentes, naturelles, nécessaires. Et dissimuler les réelles motivations.

Cela fait de nombreuses années que le tout-puissant Florentino Pérez milite pour la constitution d’un super-championnat regroupant l’élite du football européen dans le but évident d’augmenter les recettes de ces mêmes clubs, notamment au travers des droits de retransmission. Longtemps aussi qu’il s’oppose férocement à la Ligue de football espagnole, déterminé à aller dans le sens contraire et à s’assurer la participation du plus grand nombre possible d’équipes. Mais, dans chacune de ses déclarations, le très prudent Florentino Pérez se garde bien d’afficher ses penchants élitistes. Il en est pourtant lui-même un pur produit : non seulement il dirige l’un des clubs les plus riches du monde (« le plus puissant club du XXe siècle », n’a-t-il jamais cessé de répéter), mais il préside aussi ACS, une multinationale du BTP et ses plus de 180 000 salariés, présente des États-Unis à l’Australie. Désigné par l’université de Harvard comme étant l’un des vingt-cinq meilleurs présidents exécutifs du monde, ce brillant et madré homme d’affaires est la neuvième fortune espagnole avec, selon Forbes, 2,3 milliards de dollars.

Attaché au Real

Entre le Real Madrid et sa holding du BTP, Florentino Pérez a choisi. Il a déjà laissé les manettes de cette dernière au profit d’un dauphin et n’en restera le président formel que jusqu’à 2023. Son club de foot, en revanche, il ne compte pas le lâcher – il vient d’être réélu à sa tête haut la main jusqu’en 2025 – et, malgré ses 74 ans, nourrit pour lui des ambitions renouvelées.

Outre le désir d’enrôler les deux stars montantes Kylian Mbappé et Erling Haaland, il suit de près son projet de renouvellement futuriste du stade Bernabeu et entend bien maintenir le club au sommet du leadership planétaire sur le plan pécuniaire et sportif. Florentino Pérez peut tout se permettre, car considéré ici comme incontestable au vu de sa gestion et de son palmarès qui, il est vrai, a de quoi faire pâlir d’envie tout concurrent : au cours de ses deux étapes présidentielles (2000-2006 et 2009 jusqu’à nos jours), il emporte 26 titres de football, dont 5 Championnats d’Espagne, 5 Coupes des champions et 5 Championnats du monde des clubs. En 2000, il révolutionne le monde du football en poussant jusqu’au bout la logique de rentabilité des stars : désormais, le merchandising va rapporter autant que les droits télévisés et la billetterie. Il fera successivement venir les « ballons d’or galactiques » de l’époque : Figo, Beckham, Ronaldo, Zidane. À chaque fois, il a cette phrase caractéristique illustrant chacun de ces recrutements comme quelque chose d’évident, de naturel, de nécessaire : « Il est né pour devenir un jour joueur du Real Madrid ! »

Un homme de parole

Florentino Pérez fait partie de ces dirigeants pour qui le travail est une religion. Une personne le connaissant bien dit de lui qu’il ne fait pas de différence entre sa passion pour le Real Madrid, son business et sa vie privée. Quelqu’un capable de tenir une conversation d’affaires de plusieurs heures en plein week-end. Il confiait récemment au journaliste espagnol Jordi Evole : « Je n’ai jamais travaillé pour gagner de l’argent. Je ne sais d’ailleurs jamais combien je possède réellement. Sans compter que je ne sais pas comment en profiter. » Cet ingénieur des ponts et chaussées, qui avait flirté avec la politique dans les années 1970 et 1980 et obtenu des postes de responsabilité dans plusieurs ministères (Industrie, Énergie, Agriculture), s’est toutefois permis des luxes. Dans le très sélectif quartier madrilène du « Viso », il a aménagé un gigantesque édifice de standing de 2 600 mètres carrés qu’il partage avec ses trois fils. En 2017, cinq ans après la mort de son épouse, il vend sa villa de Majorque au pilote de Formule 1 Michael Schumacher pour s’offrir un refuge doré près de Cadix. Un jour, histoire de se différencier d’autres potentats espagnols, il avait fait la promesse de ne jamais investir dans la corrida ni dans les médias. Il a tenu parole.

De même qu’il avait assuré qu’il ferait tout pour que les grands clubs comme le sien puissent disputer un même championnat annuel, sur le modèle de la EuroLiga de basket. Avec Florentino Pérez à sa présidence, les adversaires de la SuperLiga de football ont du souci à se faire.




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