Dénonçant une « épidémie », le président Joe Biden a dévoilé jeudi des mesures ciblées visant à limiter la prolifération des armes à feu aux États-Unis, où les fusillades sont un fléau récurrent que les gouvernements successifs ont jusqu’à présent été impuissants à endiguer. À cette occasion, il a notamment appelé à l’interdiction des fusils d’assaut pour les particuliers. « Nous devrions interdire les fusils d’assaut et les chargeurs à grande capacité », a-t-il déclaré lors d’un événement organisé dans les jardins de la Maison-Blanche.
« La violence par arme à feu dans ce pays est une épidémie, c’est une honte internationale », a fustigé le président démocrate, en annonçant six décrets, qui restent de portée réduite.
Des micromesures
Une de ces mesures vise à lutter contre les « armes fantômes », qui sont fabriquées de manière artisanale, parfois avec une imprimante 3D, et n’ont pas de numéro de série. Les règles concernant certaines armes de poing équipées d’un accessoire stabilisateur attaché au bras du tireur, un dispositif utilisé dans une récente tuerie dans le Colorado, vont aussi être durcies. Le président a aussi commandé un premier rapport général sur le trafic d’armes à feu aux États-Unis depuis 2000.
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Mais, sachant pertinemment qu’il n’est actuellement pas en position de faire adopter au Congrès des actions plus audacieuses sur ce sujet ultrasensible, en raison de la très courte majorité parlementaire démocrate, Joe Biden s’est contenté de micromesures. Par conséquent, aucune grande avancée n’a, par exemple, été annoncée sur le sujet de la vérification des antécédents judiciaires ou psychologiques des acheteurs d’armes individuelles.
Le président a aussi annoncé la nomination de David Chipman, un partisan du durcissement des lois sur les armes individuelles, à la tête de l’ATF, l’agence fédérale qui régule les armes à feu. Signe de l’absence d’unité politique sur ce sujet hypersensible, l’ATF n’a pas eu de directeur confirmé par le Sénat depuis 2015. Joe Biden, défenseur de longue date d’un meilleur encadrement des armes à feu, a promis pendant sa campagne d’agir sur ce front. Une série de fusillades ces dernières semaines, dont des tueries en Géorgie, puis dans le Colorado en mars, a accentué la pression pour qu’il passe à l’action.
43 000 morts par armes à feu en 2020
En 1994, alors sénateur, Joe Biden avait participé à l’adoption d’une loi interdisant les fusils d’assaut. Mais la mesure n’était valide que dix ans et n’a jamais pu être renouvelée après 2004 compte tenu de l’opposition des élus républicains à ce qu’ils perçoivent comme une violation d’un droit constitutionnel. L’ancien président Donald Trump, qui a reçu des dizaines de millions de dollars de la NRA, le puissant lobby des armes à feu, pour ses deux campagnes présidentielles, a au contraire par le passé assuré être le plus fervent défenseur du droit des Américains à détenir une arme.
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Les armes à feu ont fait plus de 43 000 morts, suicides inclus, aux États-Unis en 2020, selon le site Gun Violence Archive. L’organisation a dénombré 611 « fusillades de masse » – qui comptent au moins quatre victimes – en 2020, contre 417 l’année précédente. Et, depuis le 1er janvier, plus de 11 000 personnes ont déjà été tuées par une arme à feu. Mais de nombreux Américains restent très attachés à leurs armes et se sont même précipités pour en acheter davantage depuis le début de la pandémie, et encore plus lors des grandes manifestations antiracistes du printemps 2020 et des tensions électorales de l’automne.
Joe Biden a assuré qu’aucune de ces mesures n’« empiétait » sur le deuxième amendement de la Constitution, brandi par les défenseurs des armes à feu comme la garantie de leur droit au port d’arme.