Selon le Rapport 2018 de la Conférence des nations-unies pour le commerce et le développement (Cnuced), présenté hier, les migrations africaines pourraient stimuler la croissance et transformer positivement la structure de l'économie du continent.
Le rapport annuel 2018 de la Conférence des nations-unies pour le commerce et le développement (Cnuced) souligne le rôle déterminant des mouvements migratoires dans le développement du continent. Les auteurs de cette étude soutiennent que les migrations africaines pourraient contribuer à la stimulation de la croissance et à la transformation structurelle de l'économie du continent.
En effet, d'après la Cnuced, les migrations sont bénéfiques à la fois aux pays d'origine et aux pays de destination. Comme il ressort du rapport, elles peuvent jouer un rôle clef dans la transformation structurelle du continent africain. Bien gérées, elles sont aussi un bon moyen de faciliter la réalisation des objectifs de développement durable, en Afrique et dans le reste du monde.
Les liens créés par les migrants entre leur pays d'origine et leur pays de destination ont permis l'apparition de diasporas prospères. Ils ont aussi ouvert de nouvelles perspectives de commerce et d'investissement qui peuvent aider les pays de destination et les pays d'origine à diversifier leur économie et à s'orienter vers des activités productives à plus grande valeur ajoutée.
Contrairement à ce que certains pensent, note la Cnuced, la plupart des flux migratoires africains sont circonscrits à l'intérieur du continent. Selon le présent rapport, ces migrations intra africaines sont indispensables au renforcement de l'intégration de la région et du continent.
19 millions de migrants en déplacement en Afrique
Le document met en évidence « la corrélation intime qui existe entre les deux faces d'une même pièce, à savoir : les migrations et le commerce », a indiqué Junior Roy Davis, de la Cnuced, l'un des principaux auteurs du rapport. A son avis, « l'Afrique est à l'orée de profonds changements ».
A ce titre, il rappelle que le 21 mars 2018, 44 pays africains ont signé la création de la Zone continentale africaine de libre échange et 30 d'entre eux ont signé le Protocole sur la libre circulation des personnes. Ces étapes décisives font suite au lancement du marché unique du transport aérien africain en janvier 2018.
Dans ce contexte, dit M. Davis, le rapport contribue à mieux faire comprendre les incidences des migrations intra-africaines sur la transformation socioéconomique du continent. Le document de la Cnuced mentionne, par ailleurs, que la plupart des migrants africains se déplacent à l'intérieur du continent.
Pour preuve, 19 millions de migrants internationaux se sont déplacés à l'intérieur de l'Afrique et 17 millions d'Africains ont quitté le continent en 2017. L'Afrique est aussi une destination migratoire pour 5,5 millions de personnes venues de l'extérieur du continent.
Le rapport de la Cnuced indique également qu'en 2017, les cinq principales destinations des migrations intra-africaines (par pays d'accueil et par ordre décroissant) étaient l'Afrique du Sud, la Côte d'Ivoire, l'Ouganda, le Nigeria, l'Ethiopie (tous pays ayant accueilli plus de 1 million de migrants).
Hausse des envois de fonds vers l'Afrique
Au-delà des chiffres, l'analyse économique permet de voir la contribution nette des migrations en Afrique. A titre d'exemple, l'apport des migrants internationaux au Pib a été mesurée à 19 % en Côte d'Ivoire (2008), 13 % au Rwanda (2012), 9 % en Afrique du Sud (2011) et 1 % au Ghana (2010).
Les envois de fonds vers l'Afrique, d'après la Cnuced, ont augmenté en moyenne de 38,4 milliards de dollars (2005-2007) à 64,9 milliards de dollars (2014-2016).
L'analyse que le rapport fait du rôle des migrations intra-africaines dans le processus de développement de l'Afrique devrait faire un document de référence en vue de définir la position de l'Afrique dans le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières qui doit être adopté à Marrakech en décembre 2018.