29 Mai 2018

Mali: Candidature d'IBK - Faire preuve de réalisme

Le président malien Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) a mis fin au suspense en annonçant dans la soirée, du lundi 28 mai 2018, sa candidature à la présidentielle du 29 juillet prochain. «Je ressens simplement et seulement le profond désir de poursuivre mon devoir qui est de servir au mieux le Mali, en ces heures où les incertitudes ne sont pas encore totalement levées», a-t-il argué en substance pour justifier sa candidature.

Comme si cela ne suffisait pas, il a surfé sur «les succès» de son quinquennat pour convaincre de sa légitimité à se représenter. Sur le volet sécuritaire, IBK soutient avoir «mené sans relâche le combat contre le péril terroriste et doté les forces armées des moyens nécessaires à la protection de la population et à la sécurisation du territoire».

Sans mésestimer les nombreux efforts entrepris par le président malien pour ramener la quiétude dans son pays, on a tout de même l'impression qu'il parle d'un autre Etat.

A titre illustratif, le Nord-Mali est encore infesté de groupes terroristes qui continuent de semer la terreur de part et d'autre. Et ce, en dépit de la présence des forces de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations-Unies pour la Stabilisation au Mali (MINUSMA), de la force française Barkane, du déploiement progressif du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) et d'une partie de la force G5 Sahel.

En outre, le climat sécuritaire s'est dégradé au centre du pays avec l'avancée progressive des groupes terroristes. A cela s'ajoutent les conflits intercommunautaires qui ont fait de nombreuses victimes au sein de plusieurs groupes ethniques.

Récemment, au premier trimestre de 2018, dans le cercle de Koro et la région de Mopti, les affrontements entre ethnies peulh et dogon ont occasionné de nombreux morts et des déplacements de populations vers le Nord du Burkina Faso.

Des milliers de Maliens qui s'étaient réfugiés dans les pays voisins comme le Burkina Faso, le Niger et la Mauritanie lorsque les groupes terroristes avaient envahi le Nord-Mali en 2012 s'éternisent dans des camps de fortune, livrés à la compassion internationale.

Ces derniers ont peur de retourner chez eux tant les nouvelles qui leur parviennent ne sont pas rassurantes. Au regard de ce qui précède, IBK ne peut pas s'enorgueillir d'avoir pu relever le défi sécuritaire qui a plongé une grande partie de son pays dans un cycle d'instabilité.

Au lieu de se voiler la face, il devra mesurer l'ampleur de la situation sécuritaire qui est des plus alarmants pour tenir un discours assez réaliste à l'électorat dont il ira, dans les prochains jours, à la conquête. A vouloir se targuer d'un succès dont on ne perçoit pas les résultats sur le terrain, il court le risque de prêcher dans un désert.

S'il tient à «lever les incertitudes» dont il a fait cas, IBK n'a d'autre choix que d'appréhender sans complaisance la situation sécuritaire, sans laquelle aucune perspective de développement partagé ne sera effective dans son pays. Il devra faire preuve de réalisme pour mieux convaincre d'autant plus qu'il devra affronter une vingtaine de candidats.

C'est dire que la bataille électorale sera féroce dans la mesure où certains de ses anciens compagnons (son ex-Premier ministre, Moussa Mara, ses anciens ministres Mohamed Ali Bathily et Housseini Amion Guindo), ont également décidé de briguer la magistrature suprême.

Son challenger au second tour de la présidentielle de 2013, Soumaïla Cissé, est aussi dans la course. Il a été investi en grande pompe, il y a trois semaines, en présence de 80 000 personnes au stade du 26-Mars. C'est donc à l'aune d'un discours de vérité qu'IBK pourra faire le poids dans ce pugilat électoral.

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