30 Avril 2018

Cameroun: L'omniprésence du groupe Bolloré dans le pays contestée

Le groupe de l'homme d'affaires français est présent dans le chemin de fer, l'aéroportuaire, les médias ou encore l'agro-industrie. Des implantations qui suscitent questions et agacent.

La récente mise en examen du puissant homme d'affaires français Vincent Bolloré, dans le cadre d'une information judiciaire ouverte pour corruption en Afrique de l'ouest, suscite aussi des réactions au Cameroun. Dans le pays le groupe est présent dans la gestion du fret maritime et du fret aérien, dans l'agro-industrie, mais aussi l'audiovisuel ou le cinéma, via des salles de spectacle et la télédistribution par satellite. Il est souvent critiqué pour l'occupation des terres, la gestion des ressources humaines et des contrats. Alors ici beaucoup estiment que ces poursuites judiciaires contre lui en France ne constituent qu'une mascarade.

Concurrence avec les entrepreneurs camerounais

"C'est juste pour voiler les yeux des Africains", réagit, par exemple, M.Ngassui, un importateur de voitures. "On ne parle pas de l'intérêt des Africains. C'est l'intérêt de l'Etat français qui est mis en jeu avec Vincent Bolloré qui est interpellé". Pour lui, l'Etat français ne "va prendre la tête de celui qui lui sert de pallier en Afrique".

Le groupe Bolloré avait livré une rude bataille pour la gestion spatiale du nouveau port de Kribi. Finalement, n'ayant pas pu directement obtenir la gestion du terminal, Bolloré est entré dans le capital chinois gagnant. À cela s'ajoute une présence conflictuelle avec des entrepreneurs camerounais au port de Douala, aussi critiquée par la Banque Mondiale qui avait formulé des réserves en 2003. Vincent Bolloré est par ailleurs soupçonné d'intelligence avec des responsables publics nationaux indélicats. Certains n'hésitent pas à parler "de deals" entre le groupe et le plus haut sommet de l'Etat.

Mauvaise gestion du chemin de fer ?

Au niveau du chemin de fer, le cahier des charges de la privatisation en 1999 prévoyait l'augmentation de l'écartement métrique des rails ou encore l'amélioration du transport des personnes. Mais chacun a encore en mémoire la catastrophe ferroviaire du 21 octobre 2016 qui avait fait 79 morts selon les chiffres officiels, et des centaines de morts selon des sources indépendantes.

"Moi j'ai travaillé au chemin de fer dès 1972. Le cahier des charges que Bolloré a signé, quand moi je regarde en tant que spécialiste qui a travaillé sur le rail, même les voitures que nous avions laissé, c'est le même matériel qu'on utilise encore aujourd'hui", raconte Ferdinand Boula Ateba, le président du syndicat départemental des transporteurs du Wouri. Et d'interroger : "Qu'est-ce qui a changé ? Posez la question à ceux qui nous gouvernent. Est-ce positif, l'apport de Bolloré au Cameroun, ou ça profite à certaines personnes ?"

Cameroun

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