Cheikh Ibrahima Ba dit Abou Khaled a comparu hier, jeudi 26 avril, pour répondre des accusations d'actes de terrorisme par menaces, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux en relation avec une entreprise terroriste et apologie du terrorisme. A la barre de la Chambre criminelle spéciale, l'accusé a soutenu s'être rendu au Nigeria sur ordre de son maître de daara, Moussa Mbaye.
Cheikh Ibrahima Ba, alias Abou Khaled, un jeune homme né en 1994, accusé dans le cadre de l'enquête pour actes de terrorisme par menaces, financement du terrorisme, blanchiment de capitaux en relation avec une entreprise terroriste, apologie du terrorisme, a comparu devant la Chambre criminelle spéciale du Tribunal de grande instance hors classe de Dakar hier, jeudi 26 avril. Récusant les faits pour lesquels il est poursuivi, le prévenu a soutenu s'être rendu au Nigeria sur instruction de son maître Moussa Mbaye qui lui a dit qu'au Nord du Nigeria, il peut y perfectionner ses connaissances en Islam.
L'accusé a soutenu avoir pris la décision de partir, 48 heures après que son maître lui a demandé de se préparer pour le voyage au Nigeria. Après avoir informé ses parents, il a ainsi pris départ pour Kaolack, avant de se rendre au Nigéria. Son voyage a été financé par son maître coranique, Moussa Mbaye, par l'entremise d'Ibrahima Ba qui lui a remis à 150.000 F Cfa pour les frais de transport. Cheikh Ibrahima Ba a effectué le voyage en compagnie d'Ibrahima Diallo, Abdou Aziz Dia et Mouhamed Mballo. Elève au daara de Moussa Mbaye, à Diamalaye, ce n'est une fois en terre nigériane que Cheikh Ibrahima Ba a eu à revoir son maître, à Abaddam. Il y a trouvé aussi Abou Zale, Oumar Yaffa et Ibrahima Mballo. Cheikh Ibrahima Ba a soutenu n'avoir pas suivi une formation militaire ou en maniement des armes dans le second fief de Boko Haram, Fathul Moubine. Dans cette zone également la sortie était interdite aux Sénégalais, a-t-il indiqué. Cheikh Ibrahima Ba, a affirmé n'avoir entendu de bombardement qu'au jour de son départ pour Sambissa.
A cette occasion, son maître Moussa Mbaye lui avait indiqué qu'il n'y avait plus de sécurité dans la zone. Le substitut du procureur, Aly Ciré Ndiaye, lui a rappelé que c'est durant son séjour au Nigeria que la ville de Fathul Moubine a été reprise par l'Armée nigériane. Et, par conséquent, il ne pouvait ignorer les hostilités entre les combattants de Boko Haram et l'Armée nigériane. Mieux, dans ses rappels, Aly Ciré Ndiaye a dit au prévenu qu'il avait fait part de cette présence militaire dans ses déclarations à l'enquête préliminaire.
L'accusé a nié avoir tenu une telle déclaration. Pour lui, à Fathul Moubine, on ne se rend pas compte qu'on est dans la zone de Boko Haram parce qu'il y'avait des populations civiles. Il a voulu rentrer au bercail dit-il à cause des nombreux déplacements entre des localités différentes. Des déplacement qui ont fait que, bien qu'étant son marabout, il commençait à se faire des doutes sur son point de chute. Cheikh Ibrahima Ba a dit, à l'instar des autres prévenus qui l'ont précédé à la barre, que c'est à la suite de l'intervention de Makhtar Diokhané qu'il a eu l'autorisation de quitter le bastion rebelle.
L'avocat de l'accusé a constaté que les déclarations à la barre de son client ne sont pas conformes avec celles qu'il a tenues au moment de l'enquête préliminaires. Il a ainsi donc insisté sur l'analphabétisme du prévenu pour justifier sa non maîtrise des élé- ments de l'enquête préliminaire figurant dans le procés verbal. A l'enquête préliminaire, il aurait affirmé s'être rendu au Nigeria pour vérifier si ce que font les combattants de Boko Haram est conforme au Jihad ou non, mais à la barre, l'accusé a réfuté une telle affirmation.
PROCES IMAM NDAO ET CIE AU TRIBUNAL DE DAKAR: La salle 4 retrouve son monde
L'affluence notée à l'ouverture du procès, s'est effritée après les premières révélations des prévenus. La salle 4 du tribunal de Dakar n'affichait plus le plein ces derniers jours. Cependant, hier jeudi 26 avril, avec l'audition annoncée de Makhtar Diokhané et de l'Imam Alioune Badara Ndao, en fin de semaine, les souteneurs des accusés ont commencé à se remobiliser. Seulement, les hommes sont beaucoup plus présents que les femmes qui, aux premiers jours du procès, venaient en masse.