24 Avril 2018

Afrique: L'homme d'affaires français Vincent Bolloré en garde à vue pour soupçon de corruption en Afrique de l'Ouest

Le milliardaire de 66 ans est entendu par la police anti-corruption dans la banlieue de Paris. La justice cherche à en savoir plus sur les dossiers de la gestion des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée.

L'homme d'affaires français Vincent Bolloré a été placé en garde à vue ce mardi à Nanterre, en banlieue parisienne, dans une enquête sur des soupçons de corruption autour de l'attribution de concessions portuaires en Afrique de l'Ouest. Vincent Bolloré est entendu dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris qui vise à déterminer si le groupe Bolloré a utilisé ses activités de conseil politique pour obtenir la gestion des ports de Lomé au Togo et de Conakry en Guinée.

"Les juges français reprochent à Vincent Bolloré d'avoir utilisé des contrats de communication en faveur des présidents de Guinée Conakry, c'est-à-dire monsieur Alpha Condé et également monsieur Faure Gnassingbé au Togo, de leur avoir mis à disposition des communicants en échange finalement de l'attribution de concessions sur les ports de Guinée Conakry et de Lomé", explique le journaliste français Antoine Glaser, spécialiste des questions africaines.

Mais Vincent Bolloré n'est pas le seul à être entendu par les magistrats français. Il est accompagné de deux de ses collaborateurs. "Toute la campagne présidentielle de communication et la campagne électorale d'Alpha Condé ont été réalisées en particulier par un conseiller de Havas qui s'appelle Jean-Philippe Dorent (responsable du pôle international de Havas ndlr)", développe Antoine Glaser. "Il semble que c'est ce Jean-Philippe Dorent qui soit également entendu par les magistrats français en même temps que Vincent Bolloré et un autre cadre de chez Bolloré qui s'appelle Gilles Alix (directeur général du groupe Bolloré, ndlr)."

Le groupe Bolloré très développé en Afrique

Concessionnaire de ports, opérateur de lignes ferroviaires et actionnaire de sociétés agricoles, sans oublier l'implantation de Canal + : le groupe français Bolloré est présent dans 46 pays en Afrique. Ces opérations sur le continent ont dégagé un chiffre d'affaires de 2,5 milliards d'euros en 2017. Mais elles sont parfois controversées. "On voit des appels d'offres auxquels il postule et, au même moment, pendant qu'il est dans les affaires avec ces pays, c'est le même qui soutient politiquement certains régimes", raconte le journaliste d'investigation togolais Maxime Domengni. "C'est quand même très suspect que Bolloré ait toutes ces activités aussi facilement."

Vincent Bolloré est en garde à vue en France mais, pour Maxime Domengni, aucune procédure judiciaire ne sera entamée dans ces pays. D'ailleurs le porte-parole du gouvernement guinéen, Damantang Albert Camara, a affirmé que la concession du port de Conakry a respecté toutes procédures légales.

Les gouvernements togolais et guinéens confiants

"Les enquêtes portent sur le Togo et la Guinée mais croyez-moi, il n'y aura pas d'enquêtes au niveau du système judiciaire de ces pays. Et vous trouverez difficilement des informations dans les médias qui portent sur ce groupe. Pourquoi ? Allez savoir", réagit Maxime Domengni.

La mise en garde à vue de Vincent Bolloré est certes une grande première. Mais la justice française sera bien entendu dépendante de l'attitude des gouvernements togolais et guinéens. Dans ce dernier cas, la réaction est donc déjà connue : tout aurait été fait dans les règles.

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