L'Eurobond contracté par le gouvernement du Sénégal sur le marché financier international est «judicieux et non rédhibitoire». C'est l'avis du responsable politique Ibrahima Séne, chargé des questions économiques au Parti de l'indépendance et du travail (Pit) qui était interrogé sur la question.
«L'eurobond, contracté par le gouvernement de Macky Sall, en 2014, 2017 et 2018, est judicieux, et non rédhibitoire ». Ces propos sont de Ibrahima Séne, chargé des questions économiques au Pit. « Pour qu'un Etat puisse s'endetter, il faudrait d'abord que sa croissance économique, ses ressources fiscales et son déficit budgétaire, soient dans une dynamique qui rassure le marché monétaire et financier de façon durable. C'est pour cette raison que les investisseurs dans ce marché, suivent la dynamique des taux de croissance des pays qui sollicitent ce marché, de ses ressources fiscales, et de la stabilité de ses Institutions, sans laquelle, leurs droits au remboursement ne sont pas garantis par l'Etat », indique-t-il.
Selon lui, plus cette tendance est bien perçue par le marché, plus la confiance des investisseurs grandit, étant donné qu'elle signifie à leurs yeux, que la gestion budgétaire du gap entre recettes fiscales et dépenses budgétaires, s'inscrit dans une tendance, à moyen et long terme, à un rythme qu'ils jugent approprié.
« Voilà pourquoi, si l'on compare l'emprunt en Eurobond de Wade en 2011, et de Macky en 2014, l'on se rend compte que pour 500 millions de dollars d'Euro bond en 2011 pour dix ans, Wade avait accepté le prêt à un taux d'intérêt de 8,75%, là où Macky, en 2014, avec le même montant et la même durée, obtenait un taux d'intérêt à 6,25% », souligne-t-il. Ce qui a fait la différence, poursuit-il, n'est nullement le taux d'endettement puisqu'il était plus élevé sous Macky, avec 39,9% sous Wade en 2011, contre 54,4% sous Macky en 2014, mais bien la tendance d'évolution du taux de croissance du PIB, du taux d'inflation, et du déficit budgétaire.
«Il n'y a rien d'étonnant si, avec un taux de croissance moyen entre 2015 et 2017 de 6,8 %, un taux d'inflation moyen de 0,7%, et un déficit budgétaire de 3,8% en 2017, que Macky ait pu obtenir un nouvel Eurobond de 1,1 milliard de dollars pour un taux d'intérêt de 6,25% pour une durée de 15 ans », ajoute M. Sène.
Par ailleurs, il trouve que ce sont de telles performances qui ont permis d'affecter 106 milliards au rachat de l'Eurobond émis en 2011 sous Wade, et qui arrive à échéance à 2021 avec un taux d'intérêt de 8,75%.
Selon Ibrahima Sène, ces emprunts ont permis aussi à l'Etat, de réaliser, non seulement d'énormes investissements structurants nécessaires pour soutenir une croissance économique forte et durable, mais aussi, de consacrer une bonne partie des recettes fiscales pour financer, entre autres, une politique d'inclusion territoriale afin de réduire les inégalités entre les régions de l'intérieur et Dakar, avec le PUDC et le PUMA, mais aussi, de réduire la fracture sociale avec, entre autres, des «Bourses familiales», et la «Couverture Maladie Universelle» (CMU), tout en réduisant la fiscalité sur les salaires.