Tribune. Le travail des associations féministes qui reçoivent les femmes victimes de violence, les écoutent, les hébergent, les accompagnent, expriment des revendications, participent à l’élaboration de propositions de loi et en rédigent même, luttent et manifestent, rejointes par des élus, trouve enfin un large écho.
Ces missions de service public, faute d’être prises en charge par l’Etat, sont ainsi assumées par des associations, sans moyens suffisants, sans réelle reconnaissance, et dont l’existence est parfois menacée.
La révolte #MeToo révèle l’ampleur du phénomène. La parole des victimes parvient enfin à être entendue. Nous ne voulons plus que les femmes victimes vivent bâillonnées avec la maladie et la mort au bout du silence. Une vague de fond déferle malgré les tentatives des thuriféraires de l’ordre ancien. Les historiens nous disent que l’accusation de puritanisme, d’entrave à la libre sexualité, de victimisation des femmes est un classique de l’antiféminisme depuis le XIXe siècle !
Le potentiel émancipateur est là, cinquante ans après mai-68. Une grande révolte politique, au sens noble du terme, peut permettre une accélération considérable dans la conquête des droits des femmes.
Instaurer une norme symbolique référentielleIl est urgent d’apporter une réponse adaptée en matière de politiques publiques, au niveau national comme dans les collectivités, par l’application des lois existantes et par la rédaction de nouvelles lois, en y mettant les moyens nécessaires.
Comme dans bien d’autres domaines légiférer permet d’instaurer une norme symbolique référentielle qui contribuera à faire changer les mentalités.
Quel bilan tirons-nous aujourd’hui ?
L’application des lois est-elle défaillante ? Oui, puisque nombre de plaintes pour violences conjugales sont encore transformées en main courante. Oui, puisque le crime de viol est encore très souvent jugé comme un délit en correctionnelle...