
Chronique. C’est Vladimir Poutine qui a dû faire la grimace. Il ne lui a pas échappé que les Etats-Unis – rival de la Russie dans l’espace depuis soixante ans – avaient lancé avec succès, mardi 6 février, la fusée la plus puissante du monde pour une mission vers Mars.
A son bord, une décapotable Tesla de couleur rouge cerise « conduite » par un mannequin habillé d’une combinaison d’astronaute. Le tout au son de Space Oddity, la chanson de David Bowie. Barnum marketing, succès technique… et victoire politique.
Ce n’est certes pas l’Amérique et la NASA qui ont lancé Falcon Heavy, mais la société Space X d’Elon Musk, fondateur du constructeur de voitures électriques Tesla. En 1961, le président John Kennedy avait promis qu’un Américain marcherait sur la Lune avant la fin de la décennie ; Musk a repris le flambeau et promet de décrocher la planète rouge.
Guerre des gros lanceursSa fusée est la digne héritière de la Saturn V de la NASA, qui a propulsé les astronautes de la mission Apollo. Dans la guerre des gros lanceurs, les Etats-Unis ont pris une confortable avance sur l’Europe, la Russie et la Chine, grâce à la puissance de Falcon Heavy et à la possibilité de récupérer ses boosters.
Une aventure privée ? Pas tout à fait. La NASA a apporté son excellence technologique et le gouvernement des milliards de dollars.
Ce n’est pas un hasard si, au lendemain du lancement de Falcon Heavy, le Pentagone s’est félicité de voir un nouvel acteur entrer dans la danse, même si la Falcon 9 de Space X concurrence depuis peu la fusée Delta de Boeing-Lockheed Martin. Avec plus de concurrence, les militaires américains espèrent ainsi réduire le coût de lancement de leurs satellites.
Ces avancées inquiètent et agacent les Russes. Avec l’européen Arianespace, ils formaient pendant des années un duopole sur le marché des lanceurs commerciaux. Le duo est désormais américano-européen, avec Falcon 9...