
Sexe, de Christophe Donner, Grasset, 272 p., 19 €.
Il y avait toujours quelque chose pour empêcher Christophe Donner de terminer l’écriture de Sexe. Un Vélib’ qui le renverse ; des acouphènes qui l’assaillent ; un producteur qui l’appelle pour lui proposer un projet… Ce livre, l’écrivain, né en 1956, si doué et prolifique qu’on a du mal à concevoir qu’il puisse peiner sur un manuscrit, le porte depuis une vingtaine d’années. Bien décidé à raconter son histoire d’amour avec le jeune Moïse, rencontré au Mexique, et leur séparation à Paris, cinq ans et un pacs plus tard. Bien décidé, aussi, à coiffer son texte de ce titre, Sexe, qui n’a, étonnamment, jamais été utilisé, et à ne pas se dérober au cahier des charges érotique qu’il induit. Très tôt, l’auteur a su que ce roman comprendrait des passages tirés du carnet où il décrivait, à chaud, sa vie sexuelle au Mexique – il y a assidûment fréquenté les bordels – : « Dans mon esprit, écrit-il, ce carnet devait rester secret mais, comme cela se produit presque toujours avec les écrits intimes que les écrivains prétendent ou pensent sincèrement devoir garder secrets, en relisant ces textes, ça m’a chatouillé, j’ai eu envie de les sortir, un peu par défi, pour montrer que j’en étais capable, mais aussi parce que le récit de ma séparation d’avec Moïse tournait au roman à l’eau de rose, je sentais qu’il avait besoin d’être secoué, dynamité, par des scènes à caractère pornographique. »
Drague furtive, fellations et spermeVoilà Sexe aujourd’hui enfin achevé et publié. Il ne ressemble sans doute pas beaucoup à ce que Christophe Donner imaginait au départ. Il y est certes question de Moïse et de la trahison qui le fit quitter l’auteur à Paris pour un homme plus âgé et plus riche que lui ; des extraits des carnets figurent bien, indiqués par des guillemets, emplis comme promis de drague furtive, de fellations et...