
Tribune. Les inégalités de revenus entre hommes et femmes sont, on le sait, de 25 % environ en moyenne. Elles proviennent de trois facteurs, qui représentent chacun à peu près un tiers de cet écart.
Le premier tiers provient de la surreprésentation des femmes dans une dizaine de métiers dont la rémunération est faible ou très faible. Les infirmiers sont à 90 % des femmes, comme 95 % des orthophonistes et 75 % des personnels de santé. Toutes ces professions sont faiblement rémunérées : une orthophoniste, par exemple, après un concours très sélectif et cinq ans d’études, gagne en moyenne le smic plus 57 euros par mois.
Surreprésentation des femmes dans le temps partielDans la fonction publique, 75 % des employés administratifs sont des femmes. Les nouveaux magistrats le sont aussi à 80 %, dans un contexte de grave paupérisation de la justice. L’enseignement compte 65 % de femmes et 85 % d’institutrices, dont le salaire est aujourd’hui de 1 500 euros net en début de carrière.
Toutes ces professions féminisées ont un point commun : elles dépendent, de près ou de loin, de l’Etat. Or l’Etat les rémunère insuffisamment, et souvent très mal, ce qui a conduit les hommes à les déserter. Parlant des médecins, la sociologue Anne-Chantal Hardy, spécialiste des professions de santé à l’université de Nantes, indique que « les femmes ne sont pas venues concurrencer les hommes, mais tout simplement occuper les places qu’ils avaient laissées vides ».
Quelle solution ? Mieux payer, beaucoup mieux payer ces professions à la fois très féminisées et socialement essentielles. C’est certainement difficile dans la situation budgétaire actuelle, mais c’est possible, car c’est juste et nécessaire. Nous devons faire un choix de société, qui demandera sans doute une génération pour porter ses fruits. Pour ce tiers-là, c’est d’abord à l’Etat de savoir ce qu’il veut.
Le deuxième tiers des inégalités a pour origine...