
Chronique. Il y a les nationalistes corses, bien sûr, qui réclament l’autonomie de leur île, militent pour sa reconnaissance dans la Constitution, se battent pour la co-officialité de leur langue au prix de fortes tensions avec le pouvoir central, mais il y a aussi tous les autres. Tous ceux qui voient dans l’affirmation du fait régional une façon de faire de la politique autrement et de favoriser l’émergence d’un contre-pouvoir après le rapt pratiqué par Emmanuel Macron sur le vieux système.
A droite, ceux qui rêvent de concourir à la prochaine présidentielle sont tous présidents de région. Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand fait le pari que la lutte contre le Front national se mènera au plus près du terrain, en combinant revitalisation industrielle et mesures pour le pouvoir d’achat. En Ile-de-France, Valérie Pécresse se proclame « présidente de la vie quotidienne » et fait de la question des transports sa grande priorité. En Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez, devenu président du parti Les Républicains, trouve matière à alimenter son ode à « la France enracinée » pour mieux combattre Emmanuel Macron, dépeint comme « un président hors sol », incarnation « d’une élite mondialisée ».
Nains politiquesLes socialistes ne sont pas en reste. Dans un essai publié par la Fondation Jean-Jaurès intitulé La gauche de demain sera girondine, l’ancien patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis voit dans l’affirmation du pouvoir régional la possibilité de faire émerger un contre-modèle global : à la verticalité du pouvoir incarnée par Emmanuel Macron, il s’agit d’opposer l’énergie des territoires.
Il n’est pas sur que François Hollande ait eu tous ces calculs en tête lorsqu’il a redessiné la carte des régions en juin 2014 depuis le salon vert de l’Elysée : même agrandies, les régions restent en effet des nains politiques. Elles sont en concurrence frontale avec les métropoles...