
Le classement de sortie de l’Ecole nationle d’administration (ENA) est sauf : l’affectation directe dans les grands corps des meilleurs élèves d’une promotion perdurera. Mais la quinzaine d’énarques sortis dans « la botte » et ayant choisi à ce titre de rejoindre l’Inspection générale des finances, le Conseil d’Etat ou la Cour des comptes, n’y passeront que deux années, avant de se voir affectés en fonction des « priorités gouvernementales », en administration centrale et dans l’administration territoriale. Une mise à disposition d’une durée de deux ans, précise au Monde l’entourage du premier ministre.
Esquissée par Emmanuel Macron le 22 janvier, la mesure a été actée lors du premier comité interministériel de la transformation publique, jeudi 1er février. Et aussitôt mise en œuvre : Edouard Philippe a précisé qu’il avait d’ores et déjà « sollicité les préfets de région et les ministres pour proposer une trentaine de fiches de poste qui permettront, par exemple dès septembre, à de jeunes hauts fonctionnaires d’accompagner en Guyane la réforme du RSA [revenu de solidarité active] qui s’engage sur ce territoire ou d’accompagner le déploiement de Parcoursup [la nouvelle plate-forme pour postuler en 1re année d’études supérieures] auprès des équipes du ministère de l’enseignement supérieur ».
Loin de constituer une révolution, cette initiative relève de « la mesurette technique », aux dires du politologue Luc Rouban, chercheur au Cevipof, le centre de recherches politiques de Sciences Po. « On garde le classement, on garde les grands corps, on garde la hiérarchie qui en résulte », résume-t-il. Une fois terminé le détachement, au bout de deux ans, « les grands corps pourront récupérer leurs ouailles. Cela ne change donc pas grand-chose, si ce n’est que le détachement pourra désormais intervenir aussi en début de carrière », analyse-t-il, alors qu’il...