Ecrire pour les jeunes sur les migrants
Partager
Tweeter
Culture
édition abonné

Ecrire pour les jeunes sur les migrants

Mohsin Hamid a commencé « Exit West » au début de la crise des réfugiés. La littérature jeunesse lui a donné les clés pour écrire ce roman d’exil et d’amour.

Le Monde | | Par

Sur l’île de Lesbos, en Grèce, en novembre 2015.

Exit west, de Mohsid Hamid, traduit de l’anglais par Bernard Cohen, Grasset, « En lettres d’encre », 208 p., 19 €.

Le lendemain, il part pour Londres. Trois jours plus tôt, il était chez lui, ­à Lahore. Fin janvier, Mohsin Hamid passait une demi-semaine à Paris, pour défendre Exit West. Il s’agit du quatrième roman de cet écrivain pakistanais pas (encore) très connu en France, mais tenu pour une star de la littérature presque partout ailleurs – et ce, bien avant que ­Barack Obama ne déclare que cet ouvrage était l’une de ses lectures favorites de 2017.

Ecrivain pakistanais, disions-nous ? L’expression semble un brin réductrice pour cet homme né en 1971 qui possède aussi un passeport britannique et a vécu une dizaine d’années aux Etats-Unis, enfant (quand son père faisait sa thèse à l’université Stanford) et adulte (il a étudié la littérature à Princeton, avec Toni Morrison, et le droit à Harvard), avant de revenir au Pakistan en 2009, à la naissance de sa fille aînée. « Ecrivain pakistanais globalisé serait plus précis, et encore… s’amuse-t-il. Mettons : éternel étranger – c’est ainsi que je me sens partout, et ça me va. » A cette condition de « bâtard », Exit West doit beaucoup – à l’image de ses trois romans précédents (Partir en fumée, Stock, 2001, L’Intégriste malgré lui, Denoël, 2007, Comment s’en mettre plein les poches en Asie mutante, Grasset, 2014), mais de manière « plus directement évidente ».

« La grande question de l’humanité »

Ce livre d’exil et d’amour, ce roman de la perte, Mohsin ­Hamid a commencé à y penser en 2013, « alors que s’annonçait la crise des réfugiés et, avec elle, la montée de l’hostilité à l’égard des migrants ». Il poursuit : « Pour avoir été un migrant toute ma vie, je prends très mal le sentiment antimigrants. La nature de l’humanité est “diasporique”, vouée au mouvement,...