
Une pluie de tribunes s’est abattue sur Emmanuel Macron et son gouvernement. A tel point que l’on pourrait croire que certains intellectuels sont devenus ses principaux opposants. Et que les débats « impriment » davantage dans les médias qu’au Parlement.
C’est à propos du sort réservé aux réfugiés que le déluge a commencé. Le 11 janvier, dans un numéro de L’Obs, sur la couverture duquel le chef de l’Etat apparaît derrière un chapelet de barbelés, l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio dénonce « un déni d’humanité insupportable » dans la volonté du président de vouloir « faire le tri » entre migrants économiques et réfugiés politiques, alors que l’historien Patrick Boucheron s’en prend à l’actuel gouvernement, « qui n’a jamais été aussi loin dans le mépris des droits humains lorsqu’il refuse de porter secours à ceux qui souffrent tout en s’en prenant à ceux qui leur viennent en aide ».
Le 17 janvier, alors que le président est en visite à Calais (Pas-de-Calais), une tribune publiée par Le Monde lui reproche de mener une politique migratoire qui « contredit l’humanisme » qu’il prône officiellement. L’embardée fait mouche car elle est menée par quelques-uns des plus proches partisans et artisans de la campagne victorieuse d’Emmanuel Macron, tels que l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’essayiste Thierry Pech. Quelques jours plus tard, c’est au tour de l’écrivain Yann Moix d’accuser le chef de l’Etat d’avoir instauré à Calais un « protocole de la bavure » (Libération, 21 janvier).
Parallèlement, l’immense audience nationale et mondiale rencontrée par la tribune dite des « cent femmes » contre le « puritanisme » et le « révisionnisme » culturel imputés à la dérive, selon elles, du mouvement #metoo donne le ton et le mode d’adresse à l’opinion.
Vide oppositionnelLes tribunes et les débats s’enchaînent et bousculent le gouvernement. Le 16 janvier, la sociologue...