Emmanuel Macron face à la guerre des tribunes
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Emmanuel Macron face à la guerre des tribunes

Dans un payssage politique bouleversé, où droite et gauche entament à peine leur reconstruction, les interpellations les plus vigoureuses adressées au chef de l’Etat semblent venir de la société civile.

Le Monde | | Par

Discours d’Emmanuel Macron, lors de l’ouverture de la foire du livre de Francfort (Allemagne), le 10 octobre 2017.

Une pluie de tribunes s’est abattue sur Emmanuel Macron et son gouvernement. A tel point que l’on pourrait croire que certains intellectuels sont devenus ses principaux opposants. Et que les débats « impriment » davantage dans les médias qu’au Parlement.

C’est à propos du sort réservé aux réfugiés que le déluge a commencé. Le 11 janvier, dans un numéro de L’Obs, sur la couverture duquel le chef de l’Etat apparaît derrière un chapelet de barbelés, l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio dénonce « un déni d’humanité insupportable » dans la volonté du président de vouloir « faire le tri » entre migrants économiques et réfugiés politiques, alors que l’historien Patrick Boucheron s’en prend à l’actuel gouvernement, « qui n’a jamais été aussi loin dans le mépris des droits humains lorsqu’il refuse de porter secours à ceux qui souffrent tout en s’en prenant à ceux qui leur viennent en aide ».

Le 17 janvier, alors que le président est en visite à Calais (Pas-de-Calais), une tribune publiée par Le Monde lui reproche de mener une politique migratoire qui « contredit l’humanisme » qu’il prône officiellement. L’embardée fait mouche car elle est menée par quelques-uns des plus proches partisans et artisans de la campagne victorieuse d’Emmanuel Macron, tels que l’économiste Jean Pisani-Ferry et l’essayiste Thierry Pech. Quelques jours plus tard, c’est au tour de l’écrivain Yann Moix d’accuser le chef de l’Etat d’avoir instauré à Calais un « protocole de la bavure » (Libération, 21 janvier).

Parallèlement, l’immense audience nationale et mondiale rencontrée par la tribune dite des « cent femmes » contre le « puritanisme » et le « révisionnisme » culturel imputés à la dérive, selon elles, du mouvement #metoo donne le ton et le mode d’adresse à l’opinion.

Vide oppositionnel

Les tribunes et les débats s’enchaînent et bousculent le gouvernement. Le 16 janvier, la sociologue...