Brice Couturier : «  L’intellectuel parle au nom de la conviction, le politique agit en fonction de la responsabilité»
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Brice Couturier : «  L’intellectuel parle au nom de la conviction, le politique agit en fonction de la responsabilité»

Dans une tribune au « Monde », Brice couturier, journaliste et essayiste, estime qu’en « accusant » le président de la République de mener une politique migratoire qui déshonorerait le pays, l’écrivain Yann Moix confond le rôle de l’intellectuel et celui du politique.

Le Monde | | Par

French President Emmanuel Macron delivers a speech to members of the French community in Tunis, Tunisia, January 31, 2018. REUTERS/Eric Feferberg/Pool

Tribune. Dans une lettre ouverte publiée par Libération, Yann Moix interpelle notre président de la République à propos de l’attitude de la police envers les migrants, à Calais. Il le fait en usant de procédés rhétoriques manifestement empruntés au célèbre « J’accuse » d’Emile Zola. D’une part, en dénonçant, la complicité des plus hautes autorités de l’Etat dans ce qu’il considère comme un déni de justice qui déshonore notre pays. De l’autre, en mettant ces mêmes autorités au défi de porter plainte contre lui. Comme on sait, sa lettre valut à Zola une forte amende et une lourde peine de prison. Celle de Moix lui apporte l’approbation du « parti des médias » et de nombreuses invitations sur de prestigieux plateaux.

Emmanuel Macron n’est pas non plus Félix Faure. Celui-ci était un industriel de la tannerie, celui-là un authentique intellectuel, comme j’ai cherché à l’établir dans mon livre, Macron, un président philosophe. Sa formation personnelle en atteste, de même que le type de réflexion qu’il a déployée sur la situation historique que traverse notre pays. Or, c’est à l’intellectuel autant qu’au responsable politique que s’adresse Yann Moix. Mais comme l’a montré Max Weber, la mission du savant et celle du politique sont profondément distinctes. L’intellectuel parle au nom d’une éthique de la conviction. Le politique agit en fonction de l’éthique de la responsabilité. Le premier n’écoute que la voix intérieure de sa croyance. Le second se souvient d’avoir à rendre compte des conséquences prévisibles de ses actes.

Intégration des vagues d’immigration pas satisfaisantes

Une partie importante de nos intellectuels paraît convaincue que l’humanité devrait entrer dans une phase postnationale et qu’elle se porterait mieux si on abolissait les frontières des Etats. Certains semblent vouloir ajouter à la Déclaration des droits de l’homme un droit universel à l’installation en Europe. Les signataires...