« Ne nous laissons pas confisquer le débat sur l’entreprise par le patronat »
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Politique
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« Ne nous laissons pas confisquer le débat sur l’entreprise par le patronat »

Le directeur de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein, et le patron de la CFDT, Laurent Berger, veulent amender la future loi « Pacte ».

Le Monde | • Mis à jour le | Propos recueillis par

Laurent Berger (à gauche) et Gilles Finchelstein, dans les locaux de la CFDT, à Paris, le 1er février.

La Fondation Jean-Jaurès, un cercle de réflexion social-démocrate, devait publier, samedi 3 février, un rapport sur les relations entre entreprises et citoyens. Alors que le gouvernement prépare son « plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises » (Pacte), ces travaux suggèrent de modifier le code civil pour élargir la définition de l’entreprise à ses obligations sociales et environnementales. Autre proposition : renforcer la place des administrateurs salariés dans les organes de gouvernance. Des positions également défendues par la CFDT et que détaillent son secrétaire général, Laurent Berger, et le directeur général de la Fondation Jean-Jaurès, Gilles Finchelstein.

Pourquoi publier ce rapport maintenant ?

Gilles Finchelstein : Le débat a été relancé par le président de la République lui-même en octobre 2017 [lors d’une interview sur TF1]. C’est un débat difficile parce que conflictuel. Il y a une opposition sourde d’une partie du patronat, plus enthousiaste pour modifier une large part du code du travail qu’un article du code civil. Une partie de la gauche, notamment la gauche radicale, continue, dans sa relation à l’entreprise, à osciller entre ce qu’étaient l’appropriation collective des moyens de production et la confrontation sociale. Il y a enfin une opposition d’une partie de la majorité elle-même pour qui, eu égard à son parcours, ces enjeux sont secondaires.

Laurent Berger : Un des impensés de la réforme du code du travail est cette question de la gouvernance et de la définition des entreprises. La concertation sur le projet de loi Pacte est l’occasion de reposer ces enjeux : il faut rééquilibrer le pouvoir entre travail et capital.

Ne craignez-vous pas une opposition frontale de la part du patronat ?

L. B. : Concernant la réécriture du code civil, il faut évidemment trouver une formulation...