A Ajaccio, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l’appel des nationalistes corses
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La Matinale du 03/02/2018
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A Ajaccio, plusieurs milliers de personnes ont manifesté à l’appel des nationalistes corses

A quelques jours de la visite d’Emmanuel Macron dans l’île, les nationalistes entendent convaincre le président d’ouvrir le dialogue.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Le président du conseil exécutif de l'Assemblée de Corse Gilles Simeoni lors de la manifestation organisée à sa demande, le 3 février, à Ajaccio.

A trois jours de la venue d’Emmanuel Macron en Corse pour marquer le 20e anniversaire de l’assassinat du préfet Erignac, les dirigeants nationalistes, qui avaient appelé à une grande manifestation populaire à Ajaccio pour appuyer leurs revendications, ont-ils réussi leur pari ? Pour Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de la collectivité unique, cela ne fait aucun doute.

« Nous avons conscience d’avoir vécu un moment historique, avec une manifestation sans précédent qui a regroupé entre 15 000 et 20 000 personnes », déclarait-il à l’issue de la manifestation qui s’est achevée vers 16 h 30 place du Diamant, après avoir remonté le cours Napoléon, artère centrale de la ville. Une estimation un brin surestimée : selon notre propre comptage, de 7 000 à 8 000 personnes ont pris part au cortège (de 5 600 à 6 000 selon la préfecture).

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Si mobilisation, réelle il y a eu, elle a cependant peiné à rassembler au-delà des franges nationalistes. La population corse, qui a largement accordé ses suffrages à la liste nationaliste conduite par M. Simeoni aux élections territoriales de décembre 2017, se montre sceptique à l’idée de recourir à la rue pour asseoir un rapport de forces. Dans les cafés d’Ajaccio, samedi matin, nombre d’interlocuteurs, tout en affichant leurs sympathies vis-à-vis de la majorité territoriale, faisaient part de leurs doutes sur les conditions de cet appel à manifester.

« Toute la Corse attend une prise de position de Macron »

D’où une impression de flottement dans les rangs d’un cortège qui, au-delà du mot d’ordre unitaire « #demucrazia » (« Démocratie »), avait du mal à se trouver une dynamique mobilisatrice. Malgré les efforts des dirigeants nationalistes pour expliquer que la reconnaissance de la spécificité de la Corse dans la Constitution aurait des implications très concrètes. « Sur la fiscalité du patrimoine, si on ne débloque pas les choses au niveau constitutionnel, c’est clair qu’on va rentrer dans le droit commun et c’est la dépossession organisée des biens patrimoniaux », explique Jean-Guy Talamoni, le président de l’Assemblée de Corse. « Nous sommes dans une séquence politique extrêmement dense et qui peut conduire à des avancées fondamentales pour les années à venir », estime pour sa part M. Simeoni.

La mobilisation, réelle, a peiné à rassembler largement au-delà des franges nationalistes, à Ajaccio, le 3 février.

Pour que le dialogue avec le président de la République puisse s’engager véritablement, il va donc falloir que, de part et d’autre, s’opère une clarification. De ce point de vue, la résolution adoptée tard dans la nuit de vendredi à samedi à l’Assemblée de Corse, précisant les domaines dans lesquels la nouvelle collectivité unique entend élargir son action, peut constituer une base sérieuse. Celle-ci a été adoptée, au-delà de la majorité nationaliste, par les élus d’Andà per dumane, conduits par le maire de Bonifacio, le macroniste Jean-Charles Orsucci, chez qui le président de la République devrait effectuer une visite mardi après-midi.

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« Le président de la République doit prendre la mesure de tous ces signes forts, insistait M. Simeoni à l’issue de la manifestation. Toute la Corse attend une prise de position d’Emmanuel Macron pour sortir par le haut de ces décennies de conflit. Il en a les moyens. » L’heure est venue, à présent, de se parler directement, sans effets de manche.