L’islamologue et théologien Tariq Ramadan, accusé de viols, a été placé en garde à vue à Paris, mercredi 31 janvier, dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte pour viols et violences volontaires, à la suite du dépôt de deux plaintes, les 20 et 27 octobre 2017. Sa garde à vue a été prolongée, jeudi 1er février, a indiqué l’AFP, de source judiciaire.
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M. Ramadan s’est rendu mercredi matin à la convocation des policiers « dans le cadre de l’enquête préliminaire ouverte à Paris des chefs de viols et violences volontaires », a précisé cette source, confirmant une information de RTL. Deux femmes accusent le théologien de les avoir violées, en 2009 et en 2012, ce qu’il nie, dénonçant une « campagne de calomnies ».
Témoignage circonstancié
Henda Ayari, ancienne salafiste devenue militante féministe et laïque, a publié ses accusations sur sa page Facebook le 20 octobre 2017, en plein débat autour du harcèlement sexuel dans la société. Elle avait alors été entendue par les enquêteurs sur ces faits qui remonteraient à 2012.
Sur sa page Facebook, celle qui est présidente de l’association Libératrices avait écrit avoir été « victime de quelque chose de très grave il y a plusieurs années » mais n’avoir pas alors voulu révéler le nom de son agresseur en raison de « menaces de sa part ».
Henda Ayari avait déposé une plainte contre l’islamologue auprès du parquet de Rouen, dont relève son domicile, pour « des faits criminels de viol, agressions sexuelles, violences volontaires, harcèlement, intimidation ».
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Une autre plainte contre l’islamologue suisse, déposée par une autre femme dont l’identité n’a pas été révélée, avait été reçue le 27 octobre 2017 au parquet. Elle était accompagnée d’un témoignage circonstancié et accablant, dont Le Monde avait pris connaissance, et concerne des faits qui auraient eu lieu en 2009 et ne sont donc pas prescrits.
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Documents
La défense du théologien a versé au dossier des pièces censées, selon elle, discréditer la parole de Mme Ayari. Parmi ces documents figurent notamment des conversations sur Facebook au cours desquelles une femme qui se présente comme Henda Ayari fait en 2014 – soit deux ans après les faits présumés –, des avances explicites au théologien, qui n’y donne pas suite.
Les deux femmes ont été entendues par la police, à Rouen et à Paris. L’essayiste Caroline Fourest, qui a indiqué avoir remis des documents aux enquêteurs, a également été auditionnée.
Les avocats de M. Ramadan avaient riposté début novembre 2017 en déposant une plainte pour subornation de témoin visant nommément Caroline Fourest, qui combat médiatiquement l’islamologue depuis plusieurs années.
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Cette affaire a suscité de vifs débats entre défenseurs et détracteurs de M. Ramadan et de Mme Ayari. Cette dernière a porté plainte contre X à la mi-novembre 2017 après avoir fait l’objet d’injures et de menaces.