Compte rendu
Au Kenya, le dernier baroud de Raila Odinga
Le chef de file de l’opposition, qui rejette la victoire d’Uhuru Kenyatta, s’est proclamé mardi « président du peuple ». Sa stratégie jusqu’au-boutiste déroute.

A la fois très soutenu, et très seul. Mardi 30 janvier, Raila Odinga est parvenu à rassembler des milliers de supporters dans le très symbolique Uhuru Park (« parc de la liberté », en swahili) de Nairobi. Convergeant des quartiers pauvres de la capitale ou voyageant par bus depuis les bastions de l’Ouest et de la côte, une marée humaine est venue assister à l’investiture symbolique du chef de l’opposition comme « président du peuple » du Kenya, trois mois après l’élection du 26 octobre 2017 qui a désigné vainqueur son rival Uhuru Kenyatta. Aucun des trois leaders avec qui il avait formé la coalition d’opposition, la National Super Alliance (NASA) n’a, en revanche, fait le déplacement.
Pas même son colistier Kalonzo Musyoka, qui devait être investi « vice-président » à ses côtés. Prétextant des contraintes extérieures, il s’est défilé au dernier moment, laissant Raila Odinga prêter seul serment. « Moi, Raila Amolo Odinga, je prends la fonction de président du peuple de la République du Kenya », a déclaré devant une foule euphorique le vieux leader, 73 ans, une main sur la Bible, l’autre agitant un pacifique mouchoir blanc. Une intervention-éclair, suivie d’un départ en coup de vent.
Jusqu’au dernier moment, personne ne savait si l’événement aurait lieu. D’abord parce que son interdiction par les autorités laissait présager d’un déploiement policier massif. Il a finalement été levé contre toute attente au petit matin. Ensuite parce que les dissensions au sein de la NASA devenaient évidentes. Enfin, et surtout, parce que cette intronisation sans valeur légale apparaît comme l’aboutissement de plusieurs mois de confusion du côté de l’opposition kényane.
Depuis la présidentielle, qu’elle a boycottée et dont elle rejette le résultat, la NASA mène une stratégie erratique, multipliant les initiatives tout en donnant l’impression de ne pas les maîtriser totalement.
« Absence de stratégie »Ainsi, les « assemblées du peuple »,...
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