
Tribune. Il faut reconnaître à l’actuel gouvernement un mérite : ne pas se satisfaire d’une croissance non contrôlée des effectifs universitaires associée à un taux d’échec considérable. Pour sortir de l’impasse, celui-ci envisage deux réformes enchâssées l’une dans l’autre : une nouvelle organisation du lycée et du bac, et une sélection à l’entrée à l’université.
Les grands principes de la réforme semblent déjà établis avec la suppression des séries du bac général S, ES, L (scientifique, économique et social, littéraire), remplacées par des enseignements de tronc commun et des enseignements spécialisés. Les épreuves du baccalauréat seraient limitées à six épreuves écrites (comptant pour seulement 60 % de la note finale), les autres disciplines feraient l’objet d’un contrôle continu. Un grand oral, doté d’un coefficient important, constituerait la grande nouveauté.
Dans la future réforme, l’accès à l’université est fondé sur une sélection en fonction d’un dossier dans lequel les notes obtenues par les lycéens dans les différentes disciplines, pondérées de façon spécifique selon leurs vœux universitaires, constitueraient sans aucun doute l’élément déterminant de la sélection, compte tenu de l’impossibilité matérielle pour les universités d’étudier chaque dossier.
Des pratiques de notation différentesSéduisantes dans leur principe, ces deux réformes suscitent de multiples réserves. On se limitera à trois d’entre elles. La première tient à l’importance cardinale accordée aux notes. Au début du XXe siècle, de nombreux chercheurs ont contribué à la naissance d’une science des examens dont l’objet a été d’étudier la fiabilité statistique des évaluations scolaires. Certes, la notation permet de distinguer les bons élèves des plus faibles. Mais, pour l’écrasante majorité des élèves « moyens », l’estimation de leurs compétences relève de la loterie en raison d’un ensemble de biais cognitifs d’évaluation, quelles que soient...