Escalade de violence entre bandes à Paris
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Escalade de violence entre bandes à Paris

La mort, le 13 janvier, d’Hismaël, 15 ans, a mis en lumière l’exacerbation des conflits entre ados.

Le Monde | | Par

Vue aérienne du quartier de Stalingrad, à Paris, où sévit la bande à laquelle appartenait l’auteur du meurtre d’Hismaël.

A son arrivée dans le quartier il y a trois ans, Abdel (le prénom a été modifié), 20 ans, a vite été mis au parfum : dans le 19e arrondissement de Paris, « les petits se font du sale ». Comprendre, ils se castagnent. Entre la bande de la cité Curial et celle de Riquet-Stalingrad, le conflit s’enlise depuis « des lustres », vingt-cinq ans au moins. Plus personne ne se souvient de son origine – « Il s’agirait d’une histoire de manteau volé lors d’un match de foot », avance le jeune homme –, mais qu’importe. « Ce qui compte pour eux, c’est d’être le plus fort et le plus respecté, ils parlent avec les armes, raconte Abdel. Se battre est leur seul moyen d’exister et de se lâcher. C’est aussi le seul moment de leur vie où ils se sentent importants. »

Entre les deux quartiers, scindés par une frontière qu’ils sont seuls à voir, la haine se transmet de génération en génération. Et les affrontements qui en résultent se durcissent à chaque nouvelle relève. « Il y a dix ans, les membres des bandes avaient entre 16 et 17 ans. Aujourd’hui, la plupart ont entre 14 et 15 ans », précise Valérie Martineau, sous-directrice de la police d’investigation territoriale, chargée de la cellule de suivi du plan bandes, mise en place en 2010. « Le rajeunissement s’accompagne d’une vraie recrudescence de violence. »

Les « petits » règlent désormais leurs comptes à coups de batte de base-ball, de barre de fer, de béquille, de bâton, parfois de couteau, plus rarement avec une arme à feu (dans moins de 10 % des rixes de l’agglomération parisienne). Une escalade de brutalité qui empoisonne le quotidien des riverains et laisse les autorités (professeurs, travailleurs sociaux, policiers, élus…) souvent « démunies et dépassées », confie Youssef (le prénom a été modifié), un éducateur du 19e arrondissement.

« Dans ces affaires, personne ne parle jamais »

Depuis la mort...