
Tribune. En ce début d’année 2018, la question de la refonte du modèle de l’entreprise est au cœur du débat public des deux côtés de l’Atlantique. Le gouvernement français vient de lancer, au travers d’une mission interministérielle, le chantier d’une réforme juridique de l’objet des sociétés à but lucratif, afin d’y intégrer la responsabilité sociale et environnementale.
Ce faisant, la France emboîte le pas d’autres pays, comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou l’Italie, qui ont déjà créé de nouveaux statuts juridiques pour les entreprises soucieuses d’atteindre des objectifs non seulement financiers, mais aussi sociaux et environnementaux.
Au même moment, aux Etats-Unis, Larry Fink, cofondateur et président de BlackRock, l’un des plus puissants groupes d’investissement au monde, signait une lettre ouverte aux dirigeants d’entreprises, les appelant à intégrer la poursuite d’objectifs sociaux et environnementaux à celle des objectifs financiers de leurs entreprises. L’investisseur américain, dont la société gère plus de 6 000 milliards de dollars, ouvre ainsi la porte à une prise en compte systématique des données de performance financière, sociale et environnementale dans les décisions d’investissement.
Passer du discours à l’actionSi ces annonces sont suivies d’effet, l’année 2018 pourrait marquer une inflexion majeure dans l’évolution du capitalisme, qui s’éloignerait résolument du paradigme de maximisation de la seule valeur financière pour les actionnaires.
Mais, ne soyons pas naïfs. Parler de cette évolution et l’appeler de nos vœux ne suffira pas à la faire advenir. L’évolution dont il est question est un changement radical qui nécessite un changement de mentalité et de comportement de l’ensemble des acteurs de notre système économique. L’Etat a bien sûr un rôle clef à jouer dans la réforme du statut juridique des sociétés, en partenariat avec les partenaires sociaux. De même les investisseurs comme M. Fink...