
Les Etats-Unis, l’Allemagne et, dans une certaine mesure, la France ont décidé d’intervenir dans le débat sur l’opération militaire de la Turquie à Afrin, dans le nord de la Syrie. L’OTAN, généralement très peu critique à l’égard de cet allié, a, quant à elle, reconnu, jeudi 25 janvier, son « droit de se défendre » mais « de manière proportionnée et mesurée ».
Soumis à la pression de la forte minorité kurde vivant en Allemagne et à une pluie de critiques en raison du déploiement, contre la milice YPG – Unités de protection du peuple –, de chars Léopard qu’il a livrés à l’armée turque entre 2006 et 2011, le gouvernement allemand a indiqué jeudi qu’il avait demandé au secrétaire général de l’Alliance atlantique une discussion sur la situation créée dans l’enclave syrienne d’Afrin. Selon le ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel, les « intérêts de sécurité de la Turquie » dans la zone frontalière avec la Syrie doivent être pris en compte, mais toute solution suppose l’arrêt de la confrontation militaire.
Berlin, qui a suspendu la modernisation prévue des 354 chars acquis par Ankara, redoute une importation du conflit entre Turcs et Kurdes sur son territoire. A l’OTAN, appuyée notamment par les Pays-Bas, l’Allemagne demande un débat qui devrait avoir lieu d’ici à la fin du mois et, au plus tard, lors d’une réunion des ministres de la défense, les 14 et 15 février. L’occasion de débattre, par ailleurs, d’une revendication d’Ankara : la fin de la mission de surveillance de l’Alliance en mer Egée, où elle participe à la lutte contre les passeurs de migrants.
Washington a également durci le ton, mercredi soir. Dans un entretien avec le président Recep Tayyip Erdogan, Donald Trump aurait, selon la Maison Blanche, « exhorté la Turquie à réduire et à limiter ces actions militaires » et insisté sur le fait que les deux pays devraient œuvrer prioritairement à la défaite de l’organisation Etat islamique...