
Chronique. Emmanuel Macron adore exalter la francophonie et faire la promotion de notre langue. A la foire du livre de Francfort, à Ouagadougou, Alger ou Pékin, ou devant les Français de l’étranger. Il prophétise que le français sera demain « la première langue d’Afrique » et « peut-être du monde ». Pour y arriver, l’Etat lance une consultation populaire vendredi 26 janvier par le biais de la plate-forme Monidéepourlefrançais.fr. Suivra une conférence internationale les 14 et 15 février à Paris. Et le président annoncera en mars un « grand plan » pour la francophonie.
Mais des mots à la réalité, il y a un gouffre. Déjà sur les symboles. Macron vante le français mais il a surtout donné des entretiens en anglais aux télévisions étrangères, et il en rajoute avec ses slogans « choose France » ou « France is back ». Il aurait pu créer un ministère mais il a préféré nommer l’écrivaine Leïla Slimani « Madame francophonie », sans budget ni bureau.
Prenons les chiffres. Avec 275 millions de locuteurs, le français est la sixième langue parlée dans le monde – derrière le mandarin, l’anglais, l’espagnol, l’arabe et l’hindi. Ce chiffre pourrait tripler d’ici trente ans. Mais dans le même temps, le français perd de son influence dans les secteurs clés – l’université, l’entreprise, les sciences, le tourisme, le sport et la culture. Là, l’anglais écrase tout. Demain l’enjeu sera l’Afrique, qui absorbe déjà plus de la moitié des locuteurs, et demain peut-être 80 %.
Mille-feuille institutionnelOr il faut batailler pour que le français reste dans la course. D’autres le font. En dix ans, constate Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice LR des Français de l’étranger, dans une tribune au FigaroVox du 9 janvier, la Chine a ouvert cinq cents Instituts Confucius dans le monde. D’autres pays investissent dans leur langue. La France ? Les crédits sont rognés depuis quinze ans, y compris pour 2018. Nombre d’Instituts français, chargés...