
Il ne faut pas confondre « l’Arabe du futur », la Bande dessinée à succès de Riad Sattouf, avec le futur de la BD arabe. Incarné par une nouvelle génération d’auteurs originaires du Maghreb et du Moyen-Orient, celui-ci est à l’affiche, ce week-end, du Festival international de la bande dessinée (FIBD) d’Angoulême. Le travail de près de 50 dessinateurs et dessinatrices, venus d’une dizaine de pays (Algérie, Liban, Libye, Syrie, Maroc, Tunisie, Jordanie, Égypte…), est rassemblé dans une exposition faisant écho aux événements qui agitent le monde arabo-musulman depuis plusieurs années.
Si la BD existe depuis longtemps dans ces régions du globe, notamment à travers la caricature ou la diffusion d’illustrés pour la jeunesse, la création de récits graphiques renvoyant aux situations sociales et politiques du moment connaît un bouillonnement contagieux depuis peu, notamment dans les principales capitales. Un bouillonnement auquel les « printemps arabes » ne sont pas étrangers.
Indépendance éditoriale et prise avec le réelLe phénomène se manifeste surtout à travers plusieurs collectifs produisant des revues à périodicité irrégulière, et parfois uniquement publiées sur le Web. Leurs titres témoignent autant d’une certaine indépendance éditoriale par rapport au pouvoir en place que d’une volonté affirmée de développer un propos ayant prise avec le réel.
La plus ancienne, Samandal, née à Beyrouth en 2007, tire son nom de la salamandre, animal amphibien oscillant entre deux mondes, symbole d’adaptabilité. Au Caire, Tok Tok est une référence aux tricycles motorisés qui essaient d’échapper aux embouteillages de la ville. Skefkef doit, elle, son appellation à un sandwich des quartiers populaires de Casablanca, « au goût plaisant mais à l’odeur désagréable », affirment ses créateurs. À Tunis, Lab619 a repris à son compte le code-barres (619) qui identifie les produits tunisiens.
Plusieurs points communs...