Théâtre : Katie Mitchell bouscule le genre
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Théâtre : Katie Mitchell bouscule le genre

Deux pièces mises en scène par la Britannique, au féminisme affirmé, sont actuellement à l’affiche à Paris.

Le Monde | | Par

Katie Mitchell chez elle à Londres, le 23 janvier 2018.

Katie Mitchell a-t-elle un style, ou a-t-elle un genre ? La metteuse en scène britannique, qui s’est imposée ces dernières années comme une figure majeure de la scène européenne, a deux spectacles à l’affiche à Paris en cette fin janvier, qui font beaucoup parler. Aux Bouffes du Nord, dans le cadre de la programmation du Théâtre de la Ville, Mitchell propose une création en français d’après La Maladie de la mort, de Marguerite Duras. Au Théâtre de la Colline, elle présente Schatten (Eurydike sagt), un spectacle en ­allemand, créé à la Schaubühne de Berlin, sur un texte de l’auteure autrichienne Elfriede Jelinek.

Si ces deux spectacles provoquent débats passionnés et discussions enflammées, suscitent fascination chez les uns, désarroi ou scepticisme chez les autres, c’est notamment parce que Katie Mitchell est la première à faire de la scène de théâtre le lieu d’une ­déconstruction aussi radicale de la domination masculine, de la guerre des sexes et de l’aliénation qui s’ensuit. Et parce qu’elle est, avec la Brésilienne Christiane ­Jatahy, celle qui pousse le plus loin l’exploration d’une nouvelle for­me de théâtre-cinéma – les deux femmes ont d’ailleurs chacune ­signé une version saisissante de Mademoiselle Julie, de Strindberg.

Avec Mitchell, le genre, les genres sont questionnés, bousculés, poussés dans leurs retranchements. Avec des bonheurs divers, et au risque que le militantisme féministe prenne le pas sur l’art et le cinéma sur le théâtre, comme le disent certains ? La Maladie de la mort leur donne en partie raison. Le spectacle commence pourtant de manière glaciale et percutante, dans la grotte magique qu’est le théâtre des Bouffes du Nord.

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L’actrice Irène Jacob, enfermée dans une cabine en verre sur le côté gauche de la scène, dit les mots de Duras, et elle les dit de manière absolument magnifique,...