
Chronique. Face à Emmanuel Macron, il y a trois droites. La première, c’est la droite de gouvernement, celle qui a accepté au lendemain de la présidentielle de se fondre dans le macronisme à partir du raisonnement que les clivages anciens étaient dépassés. Contre le populisme devenu l’adversaire numéro un, le combat qu’elle mène est de faire émerger un social-libéralisme à la française profondément ancré dans l’Europe.
Cette droite-là a la satisfaction de faire : son carnet de réformes est bien rempli, sa mission est de les dérouler en évitant la sortie de route. Edouard Philippe, devenu démineur en chef, s’y emploie avec un évident plaisir. La contrepartie est une loyauté sans faille au chef de l’Etat qui a recomposé à sa main le paysage politique. Cela peut se payer de quelques frustrations, notamment du côté de Bercy, où Bruno Le Maire élève parfois la voix pour rappeler d’où il vient… Par exemple dans le débat sur la suppression de la taxe d’habitation : « Pas d’impôt nouveau pour la remplacer », prévient-il.
Peur de l’autreLa deuxième droite, incarnée par Laurent Wauquiez, est oppositionnelle. Elle fait le pari que le clivage gauche-droite n’est pas mort et que le président de la République échouera, comme naguère Valéry Giscard d’Estaing, à rassembler deux Français sur trois. Cette droite-là a beau être volontariste, elle souffre de deux écueils : elle a besoin de temps pour renouveler en profondeur son logiciel devenu inopérant, du fait de la stupéfiante défaite de 2017 puis de son éclatement. Elle risque, en outre, à tout moment, de sombrer dans l’extrémisme parce que le macronisme, campé au centre de l’échiquier politique, a pour effet de la repousser jusqu’aux frontières de l’extrême droite, là où fleurissent les thèmes de l’identité malheureuse, de la peur de l’autre et du rejet de l’Europe.
La troisième droite est celle qui se revendique comme telle mais ne rechigne pas au dialogue....