Ford veut s’émanciper de sa dépendance aux pick-up
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Ford veut s’émanciper de sa dépendance aux pick-up

Reine des gros 4 × 4, le constructeur américain doit accélérer dans l’innovation pour prendre le virage de la révolution automobile et faire face à ses fragilités. Un choc culturel.

Le Monde | | Par

Une chaîne de montage Ford F-150 sur le site de Dearborn, dans le Michigan, le 13 juin 2014.

En France, il ferait figure de monstre automobile, avec ses trois tonnes, sa calandre de deux mètres de large et son moteur V8 qui aspire 16 litres d’essence tous les 100 kilomètres. Aux Etats-Unis, c’est le plus banal des véhicules. Le pick-up Ford F-150 a été pour la 41e année d’affilée, en 2017, le modèle le plus vendu en Amérique du Nord. Il s’est encore écoulé l’an dernier à 900 000 exemplaires, une de ses meilleures performances depuis douze ans.

Avec de tels titres de gloire, ce mastodonte a largement contribué aux résultats mondiaux de Ford, publiés mercredi 24 janvier. Si le bénéfice opérationnel avant impôts de la division automobile est conséquent (7,26 milliards de dollars soit 5,8 milliards d’euros), c’est dû exclusivement à la performance de l’entreprise en Amérique du Nord.

Pour le reste, l’année n’a pas été plus flamboyante que cela : un chiffre d’affaires de l’activité auto en hausse de 3 %, s’établissant à 145,7 milliards de dollars, mais des ventes globales à l’étale (6,6 millions de véhicules) et une rentabilité opérationnelle en perte de vitesse (5 % en baisse de 1,7 point de pourcentage).

Quant à 2018, le millésime s’annonce difficile, préviennent les dirigeants. En cause : le coût croissant des matières premières et les fluctuations des monnaies, mais aussi – et de plus en plus – la hausse des investissements dans les véhicules autonomes et les services à la mobilité.

Les gloires du passé

De la robustesse des pick-up aux incertitudes de la voiture connectée, voilà qui résume les forces et les faiblesses de Ford, sixième constructeur mondial. Mais cette société n’est pas comme les autres. Elle est l’entreprise qui, sous l’impulsion de son génial fondateur, a inventé, il y a un peu plus de cent ans, l’industrie automobile telle que nous la connaissons.

Et c’est au fond la question clé : Ford, qui prétend posséder le gène de l’innovation, est-il capable de rompre avec sa propre tradition pour s’inventer...