
Chronique. « Aucun homme n’est une île, complet en soi-même/tout homme est un fragment du continent, une partie de l’ensemble » – « No man is an island entire of itself/every man is a piece of the continent, a part of the main ».
Les brexiters en chef Boris Johnson et autres Michael Gove devraient relire John Donne, le grand poète anglais post-élisabéthain (1572-1631). Dans la 17eMéditation d’un de ses recueils les plus célèbres, Donne dit le malheur de la séparation. S’apprêtant à se couper de l’Union européenne, à ne plus être « une partie de l’ensemble », le Royaume-Uni est d’humeur chagrine. Il mouronne. Parce que, paradoxalement, il s’est rarement senti aussi proche de l’UE. Si l’on avait le cœur à rire, on relèverait que la première ministre conservatrice, Theresa May, vient d’ajouter au portefeuille de Tracey Crouch, ministre chargée du sport et de la société civile, la mission de lutter contre « la solitude » !
Aux conditions de Bruxelles, le Royaume uni et l’UE se sont entendus sur les termes du divorce en décembre 2017. Mais les Britanniques ne sont pas pressés. Serait-ce que les taraude le tourment du regret ? Dernière vague de sondages : 52 % d’entre eux jugent que le vote pro-Brexit de juin 2016 a été « une erreur » (« Le Monde » du 11/12/2017).
Un solide consensus droite-gauche« Gardez-nous au plus près », dit-on à Londres à l’adresse de Bruxelles. La plupart des responsables du pays réclament de rester dans le marché unique et dans l’union douanière. Cela va du patronat aux agriculteurs, de Jeremy Corbyn, chef du Parti travailliste, à la centrale syndicale TUC, en passant par une majorité d’élus conservateurs. Il y a là un solide consensus droite-gauche, certes ignoblement élitiste, pour célébrer ce que l’UE a de plus abouti et qui lui donne son poids international : un marché unifié et régulé de 500 millions de consommateurs ; un tarif extérieur...