
S’il avait baptisé son groupe, The Fall, en référence à La Chute d’Albert Camus, Mark E. Smith n’en était pas moins une personnalité très méconnue en France. Chanteur, auteur et compositeur anglais aux mots acides, à la voix sardonique et aux guitares à rebrousse-poil, il était, depuis 1977, l’une des figures les plus pittoresques et prolifiques de l’underground rock anglais issu de la vague punk de la fin des années 1970. Leader d’un groupe ayant publié pas moins de 31 albums studios et 32 albums live, Mark E. Smith est mort le 24 janvier, des suites d’une longue maladie des voies respiratoires.
Né le 5 mars 1957, à Prestwich, une petite ville de la banlieue de Manchester, d’où sa famille déménagera pour s’installer, non loin de là, dans la « dirty old town » de Salford, ce fils de plombier quitte l’école à 16 ans pour travailler sur les docks. Il ne s’en passionne pas moins pour la littérature, au point de s’inscrire à l’université, dévorant, entre autres, les œuvres d’anticipation de George Orwell, Aldous Huxley ou HP Lovecraft.
Anti rock starMusicalement, s’il apprécie particulièrement les boucles hypnotiques du Velvet Underground ou des Allemands de Can, la révélation lui vient lors du premier concert des Sex Pistols donné, en juin 1976, au Lesser Free Trade Hall de Manchester. Considérés comme l’acte fondateur de la scène locale – parmi les spectateurs figuraient aussi des futures membres de Joy Division et des Buzzcocks–, ce show et la hargne autodidacte de la bande à Johnny Rotten donneront envie à Smith de s’exprimer à son tour.
Formé fin 1976, The Fall donne son premier concert en mai 1977, avant de publier son premier 45 tours, le saisissant Bingo Master’s Breakout, en novembre 1978, et son premier album, Live at the Witch Trials, en avril 1979. Les premiers jalons de l’histoire d’une anti rock star décidé à affirmer la particularité de son style déclamatoire bardé des guitares crissantes et de rythmes...