Pêche électrique : des pêcheurs en colère perturbent le trafic des ferrys depuis Calais
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Pêche électrique : des pêcheurs en colère perturbent le trafic des ferrys depuis Calais

Une dizaine de marins empêchaient jeudi matin les camions de charger les poissons à Boulogne-sur-Mer. Les pêcheurs ont également bloqué le trafic des ferrys depuis les ports de Calais et Dunkerque.

Le Monde | • Mis à jour le

Une dizaine de pêcheurs bloquaient tôt jeudi 25 janvier matin l’accès routier au port de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), et des bateaux bloquaient également le port de Calais, affectant le trafic des ferrys avec l’Angleterre. Pour protester contre leurs conditions de vie et la pêche électrique.

« Aujourd’hui on est au bout du bout. Tout le monde a le sentiment d’être abandonné », a déclaré Stéphane Pinto, vice-président du comité régional des pêches. « Avant la pêche électrique, les marins vivaient très bien de ce métier. »

Aucun ferry n’entre ni ne sort

Depuis 5 h 30, avec une dizaine de ses confrères, il faisait brûler des cageots en polystyrène et des palettes à l’entrée de la gare de marée pour empêcher les camions de charger les poissons. Une quinzaine de bateaux de pêche bloquent aussi le port de Calais, et aucun ferry n’entre ni ne sort du port. Quatre fileyeurs calaisiens s’étaient positionnés devant les jetées du port, et une demi-douzaine de navires venus de Boulogne-sur-Mer les ont rejoints vers 9 heures.

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Deux car-ferrys de la société de ferrys P & O étaient en attente à Douvres (Grande-Bretagne) et deux autres à Calais, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la compagnie. Deux ferrys DFDS étaient aussi en attente à Douvres (Grande-Bretagne) et un était bloqué à Calais, a informé la compagnie.

P & O a orienté ses clients vers le tunnel sous la Manche et DFDS vers Dunkerque-Loon Plage. Vers 10 h 30, les pêcheurs ont cependant accepté de laisser passer un navire par heure vers l’Angleterre, jusqu’à 13 h 30, a indiqué une source portuaire. Un premier ferry de DFDS s’apprêtait à appareiller.

« La pêche électrique nous a bien foutus en l’air »

Les pêcheurs du littoral entendent protester contre la pêche électrique, pratiquée par des navires néerlandais en mer du Nord. « On demande des mesures d’accompagnement d’urgence à lEÉtat français et une aide financière rapide », a déclaré à Calais Christian Dubois, du comité régional des pêches, réclamant 30 000 euros par bateau sur trois ans. « Contre la pêche électrique, il est trop tard. Les Hollandais ont ravagé la mer et il n y a plus de poissons.. Il faudrait 4 à 5 ans pour que la ressource se reconstitue sur nos côtes », a-t-il ajouté.

La pêche électrique consiste à utiliser des filets spéciaux pour envoyer des décharges et capturer plus facilement les poissons plats, comme les soles. Johnatan, un patron de pêche à Boulogne, estime ne « plus voir de soles » et ajoute, « On a l’impression que la pêche électrique nous a bien foutus en l’air ». Il proteste contre les conditions de vie « très dures pour les hommes », et des salaires « au ras des pâquerettes ».

Cette méthode de pêche très décriée n’est autorisée qu’à titre expérimental par l’UE, mais l’ONG Bloom a récemment accusé les Pays-Bas de ne pas respecter les quotas et les règles imposées par l’Europe. A l’heure actuelle, au sud de la mer du Nord, 84 navires néerlandais pratiquent la pêche électrique. La France n’a pas recours à cette méthode.

Mi-janvier, le Parlement européen a pris position contre la pêche électrique dans l’Union européenne, une pratique jugée « destructrice » pour les fonds marins, par ses détracteurs. Elle était autorisée à titre expérimental depuis 2007 en mer du Nord.

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La Commission a, elle, défendu jusqu’au bout sa proposition de supprimer la restriction imposée aux flottes des Etats membres. Au sud de la mer du Nord, 84 navires néerlandais pratiquent la pêche électrique, et la Belgique a demandé une dérogation pour trois navires, ce qui représente moins de 0,1 % de la flotte européenne.