25 Janvier 2018

Afrique: Restitution d'oeuvres d'art africain - Les enjeux de la promesse du président Macron

C'est une annonce qui a réjoui antiquaires, galeristes et muséologues africains ! Le 28 novembre dernier, à l'amphithéâtre Joseph Ki-Zerbo de l'université de Ouagadougou, au Burkina Faso, devant 800 étudiants, Emmanuel Macron, lors de son grand discours sur l'Afrique, a abordé plusieurs sujets d'intérêt.

Des questions politiques à celles liées à l'économie, en passant par le réchauffement climatique, le pré- sident français a pratiquement tout abordé. De tous ces dossiers épluchés, ce jour-là, l'on se rend à l'évidence que celui lié à la culture, semble royalement ignoré par l'opinion africaine.

Alors que le président français, dans son allocution, a affiché la ferme volonté de son pays à restituer, à l'Afrique, tout son patrimoine culturel composé d'objets d'art qui trônent dans des galeries, musées et autres boutiques d'antiquaires à travers la France. Il s'est même offusqué que toute cette richesse du continent noir reste encore entre quatre murs dans l'Hexagone. Cette volonté d'Emmanuel Macron se veut même plus que pressante et manifeste.

« Je ne peux pas accepter qu'une large part du patrimoine culturel de plusieurs pays africains soit en France. Il y a des explications historiques à cela mais il n'y a pas de justification valable, durable et inconditionnelle », s'est-il insurgé.

Et il a même adossé sa volonté à un chronogramme, prouvant l'impérieuse nécessité de procéder à ce rapatriement : « Ce sera une de mes priorités. Je veux que d'ici à cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ».

A la réalité, selon le galeriste congolo-belge, Didier Claes, « 99 % des œuvres d'art classique africain sont aujourd'hui hors d'Afrique ». De l'avis des historiens de l'art, il y a eu trois grandes vagues de disparition de ces œuvres d'art.

La première, elle, est intervenue lorsque l'administration coloniale décide de mettre fin aux croyances africaines. En ce moment-là, beaucoup de pièces, qui n'ont pu être emportées, ont été brûlées.

La seconde, la plus grande vague, c'est celle menée par "les pères blancs", les jésuites, avec la complicité de l'administration coloniale, entre 1890 et 1930, voire 1940. Ils ont mené une politique de collecte massive à travers tout le continent noir.

Enfin, après les indépendances, les marchands arrivent, notamment lors des conflits et autres guerres tribales, comme la guerre du Biafra; la crise en RD Congo; au Libéria ; en Côte d'Ivoire, etc.

Les populations font sortir les objets d'art sur lesquels les occidentaux mettent une véritable "opa" et vident le continent de tout son patrimoine.

Si depuis des décennies, l'art africain a émigré et fait le bonheur des galeristes, des antiquaires et autres propriétaires de musées en Europe et en France, le président Macron reconnait également qu'il peut être autant valorisé sur ses terres d'origine.

« Le patrimoine africain doit être mis en valeur à Paris, mais aussi, à Dakar, à Lagos, à Cotonou ». Car, il est de notoriété que tous ces objets art, une fois rapatriés sur leur terre d'origine, peuvent apporter une plus-value à l'économie nationale; surtout que les capitales africaines disposent, en majorité, de sites et structures de conservation et valorisation de ces pièces ancestrales.

C'est le cas de la Côte d'Ivoire qui dispose du Musée des civilisations d'Abidjan-Plateau; du Musée de Cocody et de bien d'autres structures dans les capitales régionales comme Abengourou, Man, Korhogo où il ya des musées, même si en matière d'infrastructure de ce genre, beaucoup reste encore à faire.

L'art apporte une plus-value significative à l'économie Pour mémoire, avant la proposition de Macron, l'on se souvient que, le 26 août 2016, le Bénin avait adressé, à la France, une demande officielle de restitution de ses trésors royaux d'Abomey, majoritairement conservés au Musée du quai-Branly à Paris.

Demande rejetée en mars 2017 par le quai d'Orsay, selon des sources, au motif que ces tré- sors sont entrés dans les collections françaises de longue date et que cellesci sont inaliénables et insaisissables. Là, se trouve l'autre équation.

Comme on le voit, le discours d'Emmanuel Macron met, certes, du baume au cœur des acteurs du monde de l'art africain. Cependant, les muséologues, les galeristes et antiquaires français restent arcboutés sur leur refus de restituer ces œuvres.

Mais, Macron est le premier citoyen français, le président de la République, en tant que tel, sa volonté aura-t-elle valeur de décret pour restituer, au peuple africain, son patrimoine « kidnappé » et « emprisonné » dans l'Hexagone ?

Cote d'Ivoire

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