Macron, le président qui voulait privatiser les HLM
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Macron, le président qui voulait privatiser les HLM

Analyse. Pour la journaliste Isabelle Rey-Lefebvre, le projet Macron n’est pas seulement d’organiser une péréquation entre organismes riches et pauvres, mais surtout de les transformer tous en entreprises à structure capitalistique, avec des actionnaires.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Analyse. Depuis son élection, Emmanuel Macron a, à plusieurs reprises, sonné la charge contre le logement social : « J’ai deux problèmes avec les HLM. Il y a trop d’organismes, près de 800, et il faut opérer un regroupement en deux à trois ans. Ensuite, il n’y a pas de bonne circulation du capital, justifiait-il, le 6 octobre 2017, devant les professionnels du bâtiment. Il y a des organismes qui ont des trésors et ne construisent pas, tandis que d’autres n’ont pas du tout d’argent. Alors, annonçait-il, on va un peu baisser les loyers et les APL [aide personnalisée au logement] et, après une analyse honnête, on va recapitaliser les organismes fragilisés. »

Les efforts réclamés au secteur sont conséquents, puisqu’ils les privent de 7 % des recettes (22 milliards d’euros de loyers perçus par an)

Lors d’un entretien télévisé sur TF1, le 17 octobre, il réitérait ses critiques : « Il faut changer le logiciel dans le secteur du logement social. On met de la dépense publique, légitime dans le secteur HLM, on continuera à le faire, mais on met aussi beaucoup de dépenses publiques pour solvabiliser les ménages qui sont dans ces logements. On est le pays en Europe qui est quasiment le moins efficace pour le traitement des mal-logés ! Le gouvernement va demander aux acteurs du logement social d’un peu baisser les loyers (…), en face, on va baisser d’autant les APL. »

La première étape devait conduire à réduire les aides au logement et les loyers HLM, à hauteur de 1,5 milliard d’euros, mesure actée dans la loi de finances pour 2018. Après de rudes négociations, le prélèvement payé par les bailleurs sociaux a été étalé sur trois ans, à raison de 800 millions d’euros en 2018, 800 autres en 2019 et 1,5 milliard à partir de 2020. Les efforts réclamés au secteur sont conséquents, puisqu’ils les privent de 7 % des recettes (22 milliards d’euros de loyers perçus par an) et de 70 % de leurs investissements...