
Né un mardi (Born on a Tuesday), d’Elnathan John, traduit de l’anglais (Nigeria) par Céline Schwaller, Métailié, 272 p.
Avant de devenir un « premier roman irrésistible », pour le quotidien britannique The Guardian, puis de faire dire au New York Times qu’Elnathan John était « un écrivain à surveiller de près », Né un mardi a d’abord été une nouvelle. Elle suivait les mésaventures de Dantala, un enfant des rues entraîné dans les violences post-électorales qui, en 2011, ont embrasé le nord du Nigeria. A l’époque, une partie de l’opinion accusait les jeunes marginaux d’en être les seuls responsables. C’est pour interroger leur rôle que l’auteur avait imaginé cette courte fiction. En 2013, elle est sélectionnée par le Caine Prize, qui distingue la meilleure nouvelle en anglais publiée par un auteur africain.
L’histoire aurait pu s’arrêter à ce succès. Mais la réception à l’étranger contrarie Elnathan John. « Beaucoup de lecteurs n’ont vu que des gens qui tuent d’autres gens, se souvient-il pour « Le Monde des livres ». Je devais donner de la profondeur à mon personnage, notamment à cause de la manière dont le nord du Nigeria est résumé dans les médias : Boko Haram, la pauvreté, point. » Sa nouvelle deviendra donc un roman qui, à travers le parcours d’un enfant des rues, éclaire le contexte politique et religieux de cette région. Elnathan John la connaît bien pour y être né, en 1982. Et si l’idée que l’on se fait de Dantala lui tient à cœur, c’est que son héros est inspiré d’une vraie rencontre.
Le nom de Boko Haram n’est jamais cité, mais…Elle a eu lieu exactement là où s’ouvre Né un mardi : sous un baobab, à l’abri duquel des délinquants dorment et fument de la wee-wee, du cannabis. Elnathan John est à l’université de Zaria. Ses camarades et lui ont l’habitude de s’asseoir près de l’arbre pour déjeuner puis de lever la main...