General Electric : mauvais plan de vol
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General Electric : mauvais plan de vol

Comme Alstom, Siemens ou Philips, l’américain, qui envisage sérieusement de se couper en morceaux, se rend à l’évidence. Sa taille n’est plus un avantage, à l’heure où les nouveaux conglomérats s’appellent Google et Amazon.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

A la Bourse de New York, mardi 16 janvier.

Les patrons américains ont décidément un problème avec leurs jets privés. Débarqué, à l’été 2017, de la direction de General Electric (GE), après plus de quinze ans de service, Jeff Immelt est maintenant dans le collimateur des médias américains pour ses déplacements aériens. En décembre 2017, le Wall Street Journal a révélé que l’ancien PDG de GE utilisait non pas un, mais deux avions pour ses voyages. Le second, vide, suivant à bonne distance pour parer à toute panne éventuelle du premier. Cette pratique, qui coûterait plusieurs millions de dollars par an, commence à faire tache, dans cette entreprise engagée dans un vaste plan d’économies et de réduction d’effectifs. Une enquête interne a été ouverte.

Le successeur de M. Immelt, John Flannery, a cloué au sol cette flotte aérienne fantôme, et surtout entamé la restructuration à marche forcée du plus célèbre conglomérat du monde. Dernière étape, l’annonce, mardi 16 janvier, d’un possible démantèlement du groupe. Non content de s’être recentré sur l’industrie, l’héritier de Thomas Edison, qui produit des locomotives, des centrales nucléaires, des moteurs d’avion et des scanners médicaux, envisage sérieusement de se couper en morceaux. Candidat le plus sérieux à ce dépeçage, la division pétrolière, déjà mariée à son concurrent Baker Hughes, mais dont il détient encore la majorité.

Toutes-puissantes et tentaculaires

Cette affaire, qui commence par un ballet de jets d’affaires et se poursuit sur le terrain moins aérien des mises aux enchères, rappelle la destinée de RJR Nabisco, rendue célèbre par le livre Barbarians at the Gate (HarperCollins, 1989). Le patron de cet énorme conglomérat du tabac et de l’agroalimentaire, F. Ross Johnson, faisait entretenir par son entreprise une flotte de 36 avions d’affaires. Un luxe absolu, symbole du gaspillage de l’argent des actionnaires par ces multinationales bouffies et arrogantes. Le rachat par le fonds KKR, en 1988, et le démembrement...