
Tribune. La légalisation du suicide assisté, voire la dépénalisation de l’euthanasie, pourrait constituer avec la gestation pour autrui et l’élargissement du recours à la procréation médicalement assistée la prochaine grande avancée sociétale dans la lignée de l’IVG, de l’abolition de la peine de mort et du mariage pour tous.
Pas moins de trois propositions de loi émanant de la majorité comme de l’opposition et consacrant une telle évolution ont d’ailleurs été déposées dans les quatre derniers mois de l’année 2017 (Assemblée nationale (AN), proposition de loi n° 185, 27 sept. ; AN, n° 288, 17 oct. ; AN, n° 517, 20 déc.).
La fin de vie est aujourd’hui médiatisée (Anne Bert, Le Tout Dernier Eté, Fayard, 2017) et judiciarisée. Après avoir connu les procédures collégiales d’arrêt des traitements de Vincent et de Marwa, le Conseil d’Etat s’est une nouvelle fois prononcé, en urgence, le 5 janvier, sur le cas d’Inès, pour confirmer la décision médicale d’arrêt des traitements en se fondant sur le rapport d’expertise concluant au caractère irréversible des lésions neurologiques de l’enfant et à son état végétatif persistant.
Inégalités persistantesToutefois, au-delà de la médiatisation ou de la judiciarisation de la fin de vie de Vincent, de Marwa ou encore d’Inès, c’est davantage à leur accompagnement qu’il convient de s’intéresser pour espérer réduire des inégalités toujours persistantes, et ce, en dépit des interventions législatives de 2005 (loi du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et à la fin de vie) et de 2016 (loi du 2 février 2016 créant de nouveaux droits en faveur des malades et des personnes en fin de vie). Ce dernier texte complète le corpus normatif des droits des malades et des personnes en fin de vie en leur reconnaissant la garantie « du meilleur apaisement possible de la souffrance » au regard des connaissances médicales avérées mais également le droit à une sédation profonde...