
Chronique. La crise de 2008, qui conduisit à la plus forte récession mondiale depuis la crise de 1929, avait clairement pour origine les faiblesses de plus en plus criantes du système américain : excès de dérégulation, explosion des inégalités, endettement des plus pauvres. Portée par un modèle de développement plus égalitaire et inclusif, l’Europe aurait pu saisir cette occasion pour promouvoir un meilleur système de régulation du capitalisme global. Patatras : faute d’une confiance suffisante entre ses membres, prisonnière de règles rigides appliquées à contretemps, l’Union européenne (UE) provoqua en 2011-2013 une nouvelle récession dont on se remet à peine.
L’arrivée au pouvoir de Donald Trump en 2017 a révélé une nouvelle faille béante du modèle américain. Cela relance la demande d’Europe, d’autant plus que l’évolution des modèles alternatifs (Chine, Russie) n’est guère rassurante.
De multiples défis à surmonterPour répondre aux attentes, l’Europe devra toutefois surmonter de multiples défis. D’abord un défi général : la dérive inégalitaire de la mondialisation. L’Europe ne rassurera pas ses citoyens en leur expliquant que la situation y est meilleure qu’aux Etats-Unis ou au Brésil. Les inégalités progressent dans tous les pays, encouragées par une concurrence fiscale exacerbée en faveur des plus mobiles, que l’Europe continue toujours à attiser. Les risques de repli identitaire et de logiques de bouc émissaire ne seront surmontés que si l’on parvient à proposer aux classes populaires et aux jeunes générations une véritable stratégie de réduction des inégalités et d’investissement dans l’avenir.
Deuxième défi : le clivage Nord-Sud, qui s’est dramatiquement accentué au sein de la zone euro, et qui repose sur des récits contradictoires des événements. En Allemagne et en France, on continue de s’imaginer que l’on a aidé les Grecs, puisqu’on leur a prêté de l’argent à un taux d’intérêt inférieur à celui auquel ils auraient...