
C’est l’un des studios de jeu vidéo français les plus connus au monde. Sa personnalité phare, David Cage, est surnommée par L’Express « le Godard du pixel ». Son plus grand succès, Heavy Rain, s’est écoulé à 5,3 millions d’exemplaires, et son prochain titre, Detroit, au budget d’une trentaine de millions d’euros, est l’un des plus attendus de 2018.
Mais derrière la réussite, la réalité au quotidien est moins reluisante. Quantic Dream, studio de création parisien spécialisé dans les aventures cinématographiques, est décrit par une quinzaine d’ex et actuels salariés interrogés par Le Monde comme une société caractérisée par une culture d’entreprise toxique, une direction aux propos et attitudes déplacés, des employés sous-considérés, des charges de travail écrasantes et des pratiques contractuelles douteuses.
Son président et fondateur David de Gruttola, dit David Cage, Légion d’honneur 2014, et son directeur général délégué, Guillaume Juppin de Fondaumière, médaille de l’ordre du mérite 2008, par ailleurs cofondateur et ancien président du Syndicat national du jeu vidéo, se disent « très surpris », « choqués » et « indignés » par ces accusations. Longuement interrogés au début de janvier dans les locaux de leur entreprise, les deux dirigeants évoquent les « élucubrations » d’anciens salariés « frustrés » qui n’ont jamais fait remonter leurs problèmes. Proches de la direction, les délégués du personnel décrivent de leur côté une entreprise bien organisée, fonctionnelle où les employés s’épanouissent.
Selon des informations du Monde, qu’ont également obtenues Mediapart et Canard PC, cinq anciens collaborateurs ont porté plainte au printemps 2017 contre Quantic Dream et l’un de ses salariés pour des photomontages dégradants. Le parquet de Paris a retenu la qualification d’« injures non publiques envers particulier »....