RDC : des chefs coutumiers au cœur de la crise du Kasaï
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RDC : des chefs coutumiers au cœur de la crise du Kasaï

Les tentatives de manipulation des autorités traditionnelles par le régime congolais ont alimenté les violences dans la région diamantifère.

Le Monde | | Par

Miliciens Kamwina Sapu au Kasaï, le 21 mars 2017 (extrait d’une vidéo vérifiée par RFI).

A Kasala, dans le sudde la République démocratique du Congo (RDC), une seule maison n’avait pas l’air d’un abri de fortune. C’était celle de Bruno Ndala, le chef coutumier. De son « palais », il ne reste aujourd’hui qu’un transat désossé au milieu des ruines. Sa maison a été détruite par les miliciens du Kamwina Nsapu en avril 2017. « Nous attendons son retour », disent les habitants, regards hagards après des mois de fuite. Comme de nombreux représentants « traditionnels » de la région du Kasaï, Bruno Ndala, 41 ans, vit « en exil ». C’est à des milliers de kilomètres de la terre de ses sujets et de ses ancêtres, que cet ancien diamantaire tient audience, dans un café de Kinshasa, la capitale de la RDC.

La crise du Kasaï, qui a conduit à la mort d’au moins 5 000 personnes depuis l’été 2016, a été déclenchée par la mort d’un chef, dont les miliciens ont repris le nom : Kamwina Napsu, de son nom civil Jean-Pierre Mpandi. Le 12 août 2016, il est tué au cours d’une opération des forces de sécurité. Et ses « fétiches », profanées. Un fait inédit en RDC, où les représentants dynastiques d’une terre et d’un peuple conservent une part essentielle du pouvoir local. Plus que l’Etat, moqué ou craint par la population, la chefferie est l’une des rares institutions encore plus ou moins valides en RDC. « La crise a été déclenchée lorsque la politique s’est mêlée des affaires coutumières », explique un universitaire de Kananga, la capitale du Kasaï-Central, qui tient à l’anonymat.

Réputé réfractaire au régime

Né en 1966, Jean-Pierre Mpandi était le 6e chef des Bajila Kasanga, un peuple établiautour de Kananga et Tshikapa. Après avoir vécu en Afrique du Sud, ce médecin « traditionnel » était revenu dans son territoire pour succéder à son oncle, un colonel des Forces armées zaïroises (FAZ), l’armée congolaise au temps de Mobutu. Mais moins conciliant que son prédécesseur avec le régime de Joseph Kabila, le nouveau chef n’a pas été...