
Tribune. Le bon sens l’aura finalement emporté : à compter de la rentrée 2018, plus aucun étudiant ne sera affecté à l’université par tirage au sort. Mais les difficultés liées à l’orientation des bacheliers disparaîtront-elles pour autant avec la mise en service de la nouvelle plate-forme Parcoursup ? Qu’il nous soit permis d’en douter.
Pour le comprendre, il suffit de se demander comment nous avons pu, en France, en arriver à considérer que le tirage au sort constituait la meilleure façon de départager les postulants aux filières dites « à capacité d’accueil insuffisante ». A cette conception si fâcheuse de la justice de l’orientation, avec laquelle l’actuel gouvernement a décidé, semble-t-il, de rompre, il y a deux raisons conjointes.
Première raison, toutes les politiques scolaires mises en œuvre depuis la fin des années soixante se sont systématiquement adossées au principe selon lequel les jeunes issus des milieux les plus modestes ont, en tant que tels, le droit d’accéder aux études supérieures.
L’échec massif des étudiants à l’universitéDeuxième raison, le souci afférent d’endiguer la « reproduction des élites » nous a persuadés que toute procédure de sélection maquille une politique de discrimination sociale.
Le souci afférent d’endiguer la « reproduction des élites » nous a persuadés que toute procédure de sélection maquille une politique de discrimination socialeComment, dans ces conditions, c’est-à-dire en présupposant que la sélection est forcément contraire à l’idéal républicain de l’émancipation, pouvions-nous nous préserver de l’aberration que constitue le tirage au sort ? Que le gouvernement ait, aujourd’hui, pris la mesure de celle-ci doit donc, sans réserve, nous réjouir.
Pourtant, il est à craindre que la suppression du tirage au sort ne résolve en rien l’épineux problème de l’échec massif des étudiants français à l’université. Cet échec, en effet, s’explique par deux causes majeures.
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