
Chronique. « J’ai été un homme d’affaires à GRAND [en majuscules] succès, puis une super-vedette de la télévision, enfin élu président des Etats-Unis (du premier coup). (…) Je pense que cela me qualifie comme étant non pas intelligent, mais comme étant un génie – et un génie très équilibré. »
On ne s’en lasse pas. On relit. On s’interroge. Le 45e président des Etats-Unis s’auto-glorifie de la sorte dans un Tweet lâché à l’aube du samedi 6 janvier. On pense à quelques-uns de ses prédécesseurs – à Abraham Lincoln, par exemple. On mesure le chemin parcouru. On veut croire que Donald Trump blaguait. Rien n’est moins sûr. Le « génie très équilibré » éprouvait le besoin de répondre au livre de Michael Wolff, Fire and Fury : Inside the Trump White House (« Le feu et la fureur : à l’intérieur de la Maison Blanche de Trump »), sorti la veille.
Le journaliste a enquêté pendant trois mois à la Maison Blanche. Il décrit une équipe chaotique et un cercle rapproché de collaborateurs du président unanimement arrivé à cette conclusion : Trump est incapable d’assumer sa fonction. Intellectuellement et psychologiquement. Toute la presse reprenant ce diagnostic, grosso modo largement corroboré, le président a voulu rassurer ses fidèles. Méthode habituelle : un Tweet entre 4 heures et 6 heures du matin.
Mais la question des compétences de Donald Trump est mal posée ou, plutôt, elle était tranchée depuis longtemps, comme le dit Ian Bremmer, le président d’Eurasia Group, la grande société d’évaluation des risques politiques : « Bien sûr, Trump n’est pas qualifié pour le job. » Il n’a pas été choisi pour ça. « Un vote de protestation », comme celui de novembre 2016, « n’est pas un vote sur les compétences » supposées d’un candidat, poursuit Bremmer : « C’est un vote de défiance à l’égard des élites. »
Wall Street plane plus...