Les lettres d’André Breton en deux ouvrages
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Les lettres d’André Breton en deux ouvrages

Gallimard publie sa correspondance avec Benjamin Péret, Francis Picabia et Tristan Tzara.

Le Monde | • Mis à jour le | Par

Suite de la publication de la correspondance d’André Breton : après les lettres à Simone Kahn, sa première épouse, et celles à Jacques Doucet, son mécène des années 1920, paraissent deux nouveaux volumes. Le premier réunit les échanges avec Tristan Tzara et Francis Picabia entre 1919 et 1924, soit un tome placé surtout sous le signe de Dada, complété par des lettres plus tardives. Le deuxième est consacré à la conversation entre Breton et Benjamin Péret de 1920 à 1959, entrelacs de réflexions politiques, de confidences amicales et de chroniques du surréalisme au quotidien.

Entre Breton et Tzara se succèdent déclarations d’entente absolue et querelles. En 1919, Breton attend Tzara comme le messie de la révolution que celui-ci a fait éclater à Zurich et Tzara n’est pas en reste d’enthousiasme. L’année suivante, ce dernier arrive à Paris et le temps de l’entente lyrique prend fin. Plus de longues déclarations, mais des billets pour se donner rendez-vous, d’autres pour s’excuser de s’être manqué, d’autres encore pour s’expliquer sur des rumeurs de critique – souvent justifiées – de l’un envers l’autre. On se donne de l’« affectueusement » mais l’adverbe ne trompe personne : la fraternité était possible à distance seulement et elle a tourné à la rivalité, avec Paul Eluard, Louis Aragon ou Robert Desnos dans les seconds rôles.

Avec Picabia, même évolution, d’une admiration proche de la déférence du poète pour le peintre à des agacements qui s’enveniment. La dernière lettre de Breton à Picabia riposte vivement à ce qu’il perçoit comme une tentative de ce dernier d’usurper la dignité de directeur de conscience du surréalisme, quelques mois avant que Breton publie son premier Manifeste. Réplique publique de Picabia : « Quand j’ai fumé des cigarettes, je n’ai pas l’habitude de garder les mégots. » Bien plus tard, ils se sont réconciliés à peu près, sur fond de souvenirs communs.

Rien...