La mort du philosophe et sociologue Michel Verret
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La mort du philosophe et sociologue Michel Verret

L’universitaire nantais, créateur du Lersco, le Laboratoire d’études et de recherches scientifiques sur la classe ouvrière, est décédé à l’âge de 90 ans.

Le Monde | | Par

Le philosophe Michel Verret, mort le 28 novembre 2017 à Nantes, à l’âge de 90 ans.

Michel Verret, né le 6 novembre 1927 à Cambrai (Nord), est mort le 28 novembre 2017 à Nantes. Signe tranquille de sa constance philosophique, à rebours de toute convenance ou religion, ses cendres ont été dispersées, comme il le souhaitait, dans le Jardin du souvenir au cimetière du Père-Lachaise à Paris.

A Nantes, où il s’était installé en 1953 sitôt passée l’agrégation de philosophie, avec son épouse, Eliane Berenbaum, elle aussi militante et psychologue, et où naquirent leurs quatre enfants, il a enseigné près de quarante ans, d’abord professeur de philosophie au lycée Clemenceau, puis à l’université de cette ville, où il a assuré, à partir de 1969, la direction du département de sociologie, qu’il renforça et associa à des enquêtes statistiques et ethnographiques, en créant le Lersco – Laboratoire d’études et de recherches sociologiques sur la classe ouvrière –, reconnu comme laboratoire associé au CNRS en 1974.

L’expérience de la génération intellectuelle née autour des années 1930 a été marquée par l’insatisfaction d’avoir manqué de peu les combats de la Résistance. D’où, à la Libération, un regain d’énergie, comme pour effacer la grisaille de la vie au temps de l’enfance sous l’Occupation, en s’investissant activement dans le renouvellement théorique des sciences de l’homme ou dans l’espérance revigorée d’une révolution à venir.

Militant communiste

Issus de de la victoire des Alliés sur le nazisme et les fascismes mondiaux, les choix politiques de Michel Verret en ont été marqués durablement — pendant la guerre froide, comme plus tard, lors des déchirures du bloc socialiste ou des rebonds de puissance du capitalisme mondialisé. Son itinéraire philosophique a été d’une rectitude intellectuelle et militante sans concession : entré aux Jeunesses communistes (JC) à la Libération, puis au PCF dès 1945, avant même sa réussite au concours de l’Ecole normale supérieure (ENS) en 1948, il abandonna « silencieusement »...