
Sur la pêche comme sur d’autres sujets, le problème des expertises scientifiques est, semble-t-il, qu’elles ne sont pas toujours lues. En décembre 2006, la Commission européenne s’était prévalue d’un rapport d’experts pour réautoriser partiellement la pêche électrique, interdite depuis 1998 en Europe. Mais le rapport en question, rendu par le Comité scientifique, technique et économique de la pêche (CSTEP) européen, disait en réalité l’inverse de ce que l’exécutif européen lui faisait dire : loin de préconiser la remise en selle de cette technique controversée – qui consiste à envoyer des décharges électriques dans les fonds marins pour en déloger les poissons benthiques –, il mettait en garde contre ses effets potentiellement délétères sur les écosystèmes.
Mis au jour par l’association Bloom, spécialisée dans la lutte pour la préservation des océans, ce hiatus entre décision politique et expertise scientifique suscite la colère des ONG environnementales et de plusieurs associations d’artisans-pêcheurs. Lundi 8 janvier, une quinzaine de ces organisations ont adressé à Karmenu Vella, le commissaire européen à l’environnement, aux affaires maritimes et à la pêche, une lettre demandant à ce que l’Union renonce à toute nouvelle concession aux flottes industrielles utilisant cette technique.
Celle-ci, activement soutenue par les Pays-Bas, est en effet revenue au centre de l’attention ces derniers mois, car un projet de règlement doit être voté par le Parlement européen en séance plénière le 16 janvier. Selon ses opposants, ce nouveau texte ouvre la porte, s’il est adopté, à une extension massive de cette technique de pêche, accusée de « transformer l’océan en désert », selon Frédéric Le Manach, directeur scientifique de Bloom.
« Scandale politique »Découvert tardivement par Bloom, le rapport de 2006 du CSTEP a été, selon les associations, galvaudé par la Commission. « A la lumière de l’avis du CSTEP, il convient d’autoriser [en...